Chaque année, ce sont entre 4,8 et 12,7 millions de tonnes de plastique finissent dans les océans d’après les données du Parlement européen. De nombreux déchets plastiques jonchent ainsi les côtes et menacent toute la faune marine qui confond fréquemment ces plastiques avec de la nourriture. À l’horizon 2050, les océans pourraient ainsi contenir plus de plastique que de poissons selon les estimations de la fondation Ellen Macarthur.
Pour réduire où limiter ce problème, de nombreuses innovations voient ainsi le jour pour « nettoyer » les océans du plastique qu’ils contiennent. C’est le cas par exemple des projets Ender Ocean ou The SeaCleaners. Néanmoins, elles ne traitent que les conséquences du problème et non sa source, qui nécessite de revoir en profondeur nos modes de production et de consommation afin de réduire largement la consommation de plastique et de trouver des alternatives pour remplacer cette matière issue des énergies fossiles dans notre quotidien. C’est en tout cas ce que cherche à faire la startup Eranova, qui a lancé un projet autour de la collecte d’algues d’échouage pour créer des matériaux bioplastiques à faible impact carbone.
Des résines biosourcées en substitut au plastique 100% pétrole
Co-fondée en 2016 par Philippe Lavoisier et Philippe Michon, la startup Eranova met en avant l’utilisation des algues vertes pour produire 4 familles de résines biosourcées et en faire une alternative au plastique traditionnel tout en proposant une solution circulaire aux collectivités pour les débarrasser d’une matière indésirable sur les plages. « Nous récupérons les algues pour les municipalités qui doivent les éliminer » explique Philippe Michon, « avant de les nettoyer, de procéder à l’enrichissement en amidon et d’en séparer les composés qui nous intéressent pour les transformer en résines ».
L’idée derrière ce projet, outre le fait de proposer une alternative au plastique, c’est aussi de créer un produit qui ne soit pas en concurrence avec le secteur alimentaire, là où d’autres spécialistes des plastiques « biosourcés » utilisent aujourd’hui des co-produits agricoles, ce qui pose question sur l’allocation des terres arables dans le futur. En parallèle, et puisque les gisements d’algues sur les places ne sont pas infinis, l’entreprise a également mis en place un processus de culture des algues. Un concept enthousiasmant, précise l’entrepreneur, « puisque les algues participent à capter le CO2 et agissent donc comme un véritable puit de carbone« .
Dès sa création, Eranova a bénéficié des subventions accordées par l’ADEME « sur à peu près 5 ans, avec des objectifs de résultat que nous avons aujourd’hui tous passés » énonce le co-fondateur. En outre, la startup a pu capitaliser sur de nombreux partenariats scientifiques tels que le Centre d’Etude & de Valorisation des algues, le CEA tech, l’Ecole des Mines d’Alès ou encore l’INSA Lyon qui les accompagnent pour le développement de leur technologie.
Grâce à cette matière, Eranova s’adresse à tous les industriels qui cherchent des substituts au plastique traditionnel, de l’automobile à la cosmétique ou encore à la distribution où directement aux marques. « Par exemple, nous avons une collaboration intense avec Le Slip Français, avec qui nous définissons le cahier des charges d’un nouveau matériau, à la fois pour leur enveloppe e-commerce et leurs emballages de circulation inter-magasin » précise Philippe Michon.
Basée en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, la startup Eranova souhaite désormais se déployer davantage, en France, mais aussi en Europe. Ayant inauguré son démonstrateur en début d’année, la startup est aussi en recherche active de nouveaux financements pour passer à l’échelle supérieure et construire une unité industrielle plus importante.