C’est quoi l’empreinte carbone ?
L’empreinte carbone est un indicateur qui permet de mesurer l’impact d’une action ou d’une activité sur l’environnement. Pour le faire, on se base sur la quantité de gaz à effet de serre (GES) émise lors de cette action ou activité, qu’il s’agisse d’une personne, d’une organisation, d’une entreprise, d’un État ou encore d’un objet ou d’un procédé.
Contrairement aux idées reçues, l’empreinte carbone ne se limite pas à la mesure du CO2, mais comprend en réalité les émissions combinées de trois gaz à effet de serre : le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4) et le protoxyde d’azote (N2O). Trois gaz qui représentent à eux-seuls 97% des six GES pris en compte par le protocole de Kyoto.
En revanche, pour simplifier sa compréhension, on exprime l’empreinte carbone en équivalent CO2. C’est-à-dire que les émissions de méthane et de protoxyde d’azote sont converties en CO2 pour qu’il n’y ait qu’une seule valeur, et non 3. C’est ainsi qu’on peut estimer, par exemple, qu’il faut 60 kilos de CO2éq. pour produire 1 kilo de viande de bœuf, ou que l’empreinte carbone des Français représente 9 tonnes équivalent CO2 (t CO2 éq) par habitant en 2019.
Pour aller plus loin
Fidèle à l’adage selon lequel on ne peut améliorer que ce l’on peut mesurer, le calcul de l’empreinte carbone aide à comprendre l’impact d’un produit, d’un service ou d’une organisation sur la planète et donc sur le réchauffement climatique. Plus le chiffre est élevé, plus son impact est négatif et mérite d’être diminué. C’est assez simple. C’est en grande partie pour cette raison que cette mesure s’est popularisée à travers la planète.
À noter que la mesure de l’empreinte carbone est calculée à partir d’un indice baptisé «potentiel de réchauffement global». Cet indice est fixé par les scientifiques du GIEC. Ce qui permet aux chercheurs du monde entier de pouvoir se baser sur un seul référentiel.
En France, le cabinet de conseil Carbone 4 a proposé un outil très puissant baptisé MyCO2, pour que chaque individu puisse mesurer son empreinte carbone via 5 critères principaux : transports, alimentation, logement, achat de biens et de services et services publics.
Un outil plus pertinent que l’inventaire national
L’empreinte carbone est une approche globale basée sur le lieu de consommation finale et non pas sur le lieu de production, comme c’est le cas pour l’inventaire national, une autre unité de mesure parfois mise en avant par certains décideurs, notamment politiques.
En cela, l’empreinte carbone est considérée comme un indicateur plus juste pour mesurer l’impact réel des organisations d’un pays car cela intègre au calcul les émissions de GES importées liées au cycle complet de production et au transport. Par exemple, si vous achetez une paire de chaussures fabriquées en Chine, l’inventaire national ne prendra pas en compte la pollution liée à cette fabrication puisqu’elle a lieu hors du territoire. Utiliser l’inventaire national peut donc, parfois, s’apparenter à du greenwashing.
Les négociations internationales autour les émissions de GES étaient historiquement menées sur la base de l’inventaire national, c’est à dire des émissions liées à un territoire. Donc sur la base du lieu de production, ce qui exclut de fait les importations. Cela biaise les conclusions et donc les actions à mettre en place. Car basiquement, dans ce cas, il suffit de faire produire ailleurs puis d’importer pour que l’inventaire national soit faible.
Depuis peu et notamment depuis les Accords de Paris, l’empreinte carbone s’est imposée afin de mieux comprendre le rôle de chacun dans ces émissions mondiales. Et d’apprécier de manière plus juste les pressions de chaque pays sur le climat en se basant sur la consommation finale et non plus sur le lieu de production.
Concrètement, cela donne une vision plus équitable et instaure un principe de solidarité entre les pays industrialisés et les pays en voie de développement.
Évolution de l’empreinte carbone de la France
Objectifs et enjeux de l’empreinte carbone
Dans le cadre de la Loi de Transition Énergétique pour la Croissance Verte, une Stratégie Nationale Bas-Carbone a été mise en place avec comme principal objectif d’être «neutre en carbone» à l’horizon 2050. Cela signifie de séquestrer autant de GES que nous en émettons, ou de compenser nos émissions de GES.
Mais au-delà de simplement compenser, un des moyens les plus efficaces afin d’atteindre une balance à l’équilibre – la neutralité – est de réduire l’empreinte carbone nationale. Ce qui diminuera mécaniquement les efforts de compensation à mettre en œuvre. Cela est possible via différentes mesures. Le haut-conseil pour le climat cible 3 secteurs prioritaires : les transports, l’agriculture et le bâtiment.
On note également la loi de transition énergétique qui impose aux investisseurs institutionnels (mutuelles, gestionnaires de fonds, caisses de retraites, compagnies d’assurance, associations, fondations, etc.) de déclarer leur empreinte carbone et donner des informations sur la manière dont ils envisagent de la réduire. C’est l’enjeu de toutes les organisations qui peuvent mesurer leur empreinte réelle, et donc l’améliorer.
L’empreinte carbone est aussi populaire pour avoir permis de mettre en place des programmes de compensation carbone. C’est à dire de financer des projets permettant de séquestrer ou de réduire des émissions de CO2. Par exemple, si un ménage français investit dans un programme de reforestation qui permet de séquestrer 16,4 tonnes de CO2 (ce qui est un gros projet pour un particulier), il aura compensé son empreinte carbone sur une année. Les entreprises raffolent de ce type de mécanisme. Mais la logique simple de compensation ne répond pas totalement à l’urgence climatique, car elle n’intègre pas de mécanisme de réduction des émissions qu’elle vient compenser.
Lire aussi : quels leviers pour réduire les émissions de GES du secteur agricole ?
Les limites d’une mesure mono-critère
En effet, l’empreinte carbone permet de mesurer facilement l’impact d’un produit ou d’une personne sur la planète. Mais cet indicateur souffre de certaines limites. Par exemple, il ne prend pas en compte la production de déchets ni la pollution des eaux et des sols. Encore moins l’épuisement des ressources naturelles. Entendons-nous, il reste un indicateur fiable. Mais il existe d’autres unités de mesure d’impact environnemental plus complètes.
Il y a par exemple l’empreinte écologique. Cette mesure s’est popularisée ces dernières années car elle permet de définir le fameux “jour du dépassement”. C’est le Global Footprint Network (un think-tank) qui en est à l’origine. Cette mesure prend en compte davantage de critères pour définir l’impact d’une entité sur la planète et utilise pour l’illustrer le nombre d’hectares de forêt nécessaire pour la contrebalancer. L’empreinte carbone ne représente ainsi que 50% de l’empreinte écologique.
On peut citer également l’empreinte environnementale (Product Environmental Footprint). Cette mesure prend en compte plus d’une dizaine d’indicateurs en plus du carbone. Elle a vu le jour après la loi française dite «Grenelle II», dans laquelle est évoquée la nécessité de mesures plus concrètes pour résoudre les problèmes environnementaux.