Cultivate est une jeune start up qui s’est faite remarquer en 2018 lorsqu’elle a remporté l’appel à projets « Chapelle International » de la Ville de Paris, dont l’objet est la création d’une gigantesque ferme urbaine sur 7 000 m2 de toiture dans le 18ème arrondissement. Un projet que la jeune entreprise va désormais pouvoir mettre en oeuvre grâce à une levée de fonds de 2,7 millions d’euros officialisée ce 05 novembre 2019.
Outre 1 500m2 de cultures agroécologiques en terre, ce projet de ferme urbaine dans Paris intra-muros a ceci d’original et d’innovant qu’il sera assorti d’une serre horticole professionnelle d’une superficie de 1 200 m2. Mais le projet réserve encore d’autres surprises (des serres chauffées par un Data Center) qui va jusqu’au modèle de montage financier utilisé pour la levée de fonds, et qui pourrait changer la manière de financer les projets d’agriculture urbaine.
Un modèle financier pour les projets d’agriculture urbaine
Le fait est qu’il est difficile de proposer de grands projets d’agriculture urbaine dans des villes déjà extrêmement denses et qui réfléchissent (pour la plupart) à des manières de limiter leur étalement et donc, à limiter l’artificialisation des sols. Aussi, ces projets se retrouvent généralement cantonnés à deux types d’espaces : les zones souterraines (parking et caves) et les toitures.
Cependant, les toitures disponibles pour des projets d’agricultures sont aussi convoitées pour la production d’énergie renouvelable, notamment pour la production d’énergie solaire. Le modèle adopté par Cultivate est donc relativement proche de celui du marché de l’énergie solaire décentralisée. L’entreprise a porté en propre toute la chaîne de valeur du projet : conception, investissements, financements, construction puis exploitation.
« Nous sommes particulièrement fiers d’être parvenus à financer ce projet par un mix de capitaux propres et de dettes bancaires long-terme, démontrant la banquabilité de notre modèle productif et commercial. Ce montage, avec moins de 1% de subvention, représente une percée pour le financement de projets d’agriculture urbaine en France. Il ouvre la voie à leur duplication à court terme, voire, on l’espère, leur systématisation à moyen terme dans les programmes immobiliers résidentiels, tertiaires et commerciaux » précise à ce sujet Sidney Delourme, co-fondateur de Cultivate.
Cette levée de fonds de 2,7 millions d’euros fédère un fonds d’investissements corporate dont l’identité reste cachée, l’entreprise Norsys, la Caisse des Dépôts et Consignations ainsi que la banque commerciale engagée La Nef. Elle va notamment permettre la construction du projet de ferme urbaine de La Chapelle, dont l’ouverture est prévue courant 2020.
Une agriculture urbaine accessible en grande distribution
Outre cette manière de se financer, le modèle d’agriculture prôné et mis en oeuvre par Cultivate est original à plusieurs titres. D’abord, comme on l’a précisé, la jeune entreprise va pouvoir s’appuyer sur une surface de 7 000 mètres carrés en plein Paris, ce qui n’est pas rien. Une surface sur laquelle sera disposée pour la première fois en France une serre horticole professionnelle.
Cette serre en verre sera gérée et contrôlée de manière innovante. Elle sera par exemple chauffée en hiver grâce à la récupération de chaleur d’un Datacenter de la ville de Paris situé au sous-sol du bâtiment. D’après les fondateurs de Cultivate, cette serre devrait produire 20 à 30 fois plus qu’une surface équivalente en pleine terre. Ce modèle qui fait appel aux principes de l’économie circulaire implique également la grande distribution afin d’assurer la commercialisation des produits directement aux parisiens.
Car l’une des ambitions de Cultivate à travers ce projet, c’est évidemment de fournir aux parisien.nes une nourriture fraîche et ultra-locale. Il existe évidemment différents modèles aujourd’hui pour cela, et les principaux restent la distribution en circuit-court via des plateformes ou des outils de livraison. Ici, le modèle est différent puisqu’il implique les enseignes Franprix et Monoprix, qui seront chargées d’écouler la production.
S’il fonctionne, cet ambitieux projet pourrait ouvrir la voie à des projets d’agriculture urbaine à la hauteur des enjeux porté par cette pratique. On rappelle que l’agriculture urbaine, au même titre que l’agroécologie (dont elle reprend les principes) est l’une des clés qui permettront la transition alimentaire actuellement à l’oeuvre.