Être une agence de communication responsable, qu’est-ce que cela veut dire ? Et devenir une société à mission, pourquoi et comment est-ce que cela se fait ? Deux sujets au coeur de cet échange avec Anne Boulinguez, fondatrice de l’agence Madison Communication.



Les Horizons : Pouvez-vous nous raconter votre parcours en quelques mots, et ce qui vous a amené à créer l’agence de communication responsable Madison, il y a 8 ans ?

Anne Boulinguez : Je viens de la filière événementielle. J’ai notamment été commissaire générale de salons professionnels, comme le Carrefour International du Bois, par exemple, dont la dernière édition a eu lieu récemment. J’ai aimé cette expérience de faire la promotion du bois et de la forêt. Donc quand je me suis lancé dans la création d’une agence, j’étais très claire dès le départ sur ce que je voulais faire : la promotion de sujets en phase avec mes convictions et mes engagements et je suis donc allée spontanément vers les sujets environnementaux.

Nous faisions beaucoup de relations presse, au départ, avec ma première stagiaire à l’époque, Aurore, qui est toujours à mes côtés et est devenue mon associée. Aujourd’hui nous avons 4 pôles d’activité au sein de l’agence : un pôle communication responsable et RSE, un pôle social média responsable, un pôle numérique responsable et un pôle accessibilité.


Comment est-ce qu’on caractérise une agence responsable ?

Une agence responsable, c’est la somme de plusieurs choses. C’est d’abord le sens mis dans toutes les étapes des projets. C’est mettre du sens et de l’éthique dans la communication. C’est aussi savoir ne pas communiquer. J’entends par là le fait d’avoir une vraie approche de sobriété et de ne pas communiquer pour simplement communiquer, mais pour partager des convictions, pour éduquer ou pour faire grandir.

La notion de preuve est également très importante dans la communication responsable. Tout le monde doit pouvoir facilement vérifier ce que nous avançons. Enfin, c’est aussi le fait de limiter son empreinte carbone et de réfléchir à la manière dont on communique avec cet objectif en tête : comment éco-concevoir sa communication, comment bien choisir ses canaux, etc. En ce sens, la communication responsable s’apparente finalement à une philosophie de pensée. C’est une réflexion sur le fond et la forme, en même temps, ainsi que sur la durabilité de ce que l’on fait.

Anne Boulinguez
Anne Boulinguez – Crédits Michael Meniane Lensman



Avez vous des exemples de réalisations de l’agence à nous donner ?

Par exemple, nous avons eu la chance d’accompagner la Mission Interministérielle Numérique écoresponsable, qui a pour objectif d’accompagner les agents de l’État à prendre en compte les enjeux du numérique responsable dans leur quotidien. Nous avons créé et animé leur communication sur les réseaux sociaux et produit différents supports (visuels, articles, vidéos) en respectant les critères d’accessibilité. L’objectif est de sensibiliser les agents de l’État, mais également le grand public. Pour nous, c’est l’exemple type d’une campagne en parfaite adéquation avec les valeurs de l’agence.


Du côté de l’agence justement, je crois que vos derniers mois ont été riches en actualité avec une bascule vers le statut de société à mission. Pouvez- vous nous raconter la démarche et ce que cela change pour l’agence ?

Il y a eu plusieurs étapes pour arriver à cette finalité de devenir une entreprise à mission, et notamment de nombreuses labellisations au fil des années. Ce changement de statut permet d’acter notre engagement en tant que société à mission, mais également en tant que société de l’Économie Sociale et Solidaire. Après, il ne faut pas le voir comme une finalité en soi, car nous embrassons la démarche depuis longtemps maintenant. En revanche, il nous paraissait important de l’acter de manière officielle.

Depuis quelques années nos labels nous ont aidé à poser un cadre, à planifier une feuille de route et un dispositif d’amélioration continue. L’approche société à mission est la continuité de ces efforts, afin d’aller plus loin dans la démarche.

Lire aussi Mathieu Jahnich : « On attend des entreprises une certaine posture d’humilité et de sincérité »


L’agence a été accompagnée par le réseau local des Ecossolies pour ces démarches, en quoi cet accompagnement a t-il consisté ?

C’est un accompagnement à raison de 2 jours par mois pendant 10 mois, de la part d’acteurs engagés et bienveillants du réseau, afin de nous faire réfléchir aux sujets de structuration d’entreprise, de stratégie, de finance ou encore de ressources humaines et de gouvernance. Tous les aspects de l’entreprise sont challengés pour nous amener à consolider notre vision et penser à ce que nous souhaitons être demain, ainsi qu’à l’impact présent et futur de la structure.


Est-ce que vous pensez que cela va avoir un impact positif sur l’aspect business ?

Disons que cela officialise notre engagement, donc nous serons nécessairement bien positionnés lorsqu’une structure recherchera une agence engagée sur ces sujets. Il faut le voir un peu comme le toit de notre maison. Les labels sont davantage liés à nos compétences, et la société à mission concerne plus l’engagement global de l’agence. Donc en interne nous sommes ravies de cette étape, qui aura mis plus de 2 ans à aboutir. Nous avons par ailleurs ouvert le capital à l’entrepreneuriat salarial. Deux de nos salariées sont ainsi devenues associées. C’est une autre étape dans notre développement, toujours en adéquation avec nos valeurs.

Crédits visuel principal Michael Meniane Lensman