C’est quoi le développement durable ?
Selon la définition officielle, telle qu’énoncée pour la première fois en 1987 dans un rapport de l’ONU intitulé “Notre terre à tous”, le Développement Durable est un “développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs”.
Car oui, l’idée de Développement Durable n’est plus toute jeune. Bien qu’elle soit omniprésente aujourd’hui, notamment en raison du dérèglement du climat, il faut remonter le temps pour comprendre au mieux ses enjeux.
Et mesurer combien la démarche fut lente à mettre en place. La clé de voute du sujet étant un enjeu de Gouvernance mondiale : comment faire accepter une idée, même très bonne, à plus de 150 pays et 6 milliards d’individus ?
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De 1972 à 1992 : 20 ans pour construire une démarche globale
On l’a dit, le souci de l’environnement n’est pas une notion moderne. On sait que dès 1798 par exemple, l’économiste britannique Robert Malthus pointait du doigt un “décalage entre la croissance de la population et l’augmentation des subsistances”. Si sa théorie à donné lieu à un courant de pensée prônant la restriction démographique – ce qui est très très discutable – le constat était néanmoins posé : plus il y aura d’humains, plus il est probable qu’on manque de ressources pour les faire vivre.
Pour autant, la préoccupation environnementale est absente des 18è siècle et 19è siècle. A l’époque, l’idée dominante est plutôt de relier le monde grâce à des innovations majeures dans les télécommunications et les transports. Cela permettrait d’accroître les échanges commerciaux et ce serait très bien pour tout le monde. La Révolution Industrielle promettait modernité confort et richesse au rythme du charbon qui brûle, des villes qui grandissent, et tant pis si cela abîme la planète. Elle est bien assez grande pour tous.
A vrai dire, c’est seulement après la Seconde Guerre mondiale et à l’aube des premiers chocs pétroliers qu’une conscience écologique mondiale s’est révélée. En 1972 l’ONU organise la conférence de Stockholm sur l’environnement. C’est la première. Laquelle donne lieu à la création de la CITES ( Convention sur le commerce international des espèces menacées) afin de protéger certaines espèces animales, ou encore du Programme des Nations Unies pour l’Environnement.
15 années plus tard, en 1987, Madame Gro Harlem Bruntland – Première Ministre de la Norvège – rend à l’ONU un rapport intitulé “Notre Terre à tous”.
Dans ce rapport, elle écrit la première définition officielle du Développement Durable : un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. C’est une première alerte.
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Concrètement, Développement Durable, ça signifie quoi ?
Suite à la publication de ce rapport, en 1992, l’ONU organise le Sommet de Rio (aussi appelé Sommet de la Terre) qui réunit ONG, entreprises et pas moins de 150 chefs d’Etats et de gouvernements afin de définir une stratégie globale pour le développement durable. Ils retiennent ainsi une stratégie axée autour de trois piliers :
– Un développement économiquement efficace
– Socialement équitable
– Ecologiquement soutenable.
L’enjeu principal du Développement Durable se situe sur le troisième pilier de la stratégie : assurer aux générations présentes et futures un mode de vie qui soit écologiquement soutenable (d’où le terme sustainable development en anglais). C’est à dire prendre en compte le caractère non-renouvelable de certaines ressources ainsi que de l’impact néfaste voire destructeur du développement humain sur l’équilibre de la biodiversité. C’est à dire protéger ce qui assure notre survie sur la planète.
Cette stratégie met donc en avant la nécessité de s’orienter vers des pratiques nouvelles : énergies renouvelables, agriculture écologique, transports non-polluants, urbanisme résilient, protection des eco-systèmes (forêts, océans, zones humides), etc. Cependant, au vu des inégalités existantes entre territoires (la fracture entre les pays occidentaux développés et les pays “en voie de développement”), il apparaît nécessaire de lier à l’enjeu écologique une efficacité économique et une équité sociale.
La préservation de l’environnement devant être accompagnée de la satisfaction des besoins essentiels en ce qui concerne l’alimentation, l’énergie, l’eau, la salubrité et l’emploi. Et ce au niveau mondial, car il n’est plus possible aujourd’hui d’envisager un développement qui serait durable dans certains pays au détriment d’autres zones où les ressources seraient pillées et les populations laissées à l’écart.
Où en est-on aujourd’hui ?
La principale difficulté est un enjeu de gouvernance. Pour simplifier, une question de bonne volonté : que faire d’un ou plusieurs pays refusant de se plier à la logique proposée par l’ONU ? Pour s’inscrire dans une histoire récente, que faire quand le président des USA décide de se retirer des accords de Paris sur le climat ?
Si la notion de Développement Durable est aujourd’hui trentenaire et que l’urgence autour de sa mise en oeuvre ne cesse d’augmenter, c’est évidemment parce qu’il est difficile de gérer cette question. Bien avant l’accord de Paris, des Etats avaient également refusé de se plier au protocole de Kyoto visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Trouver un équilibre qui mette tout le monde d’accord est un exercice périlleux.
Cependant, depuis 1987 et le Rapport Bruntdland, il y a eu de grands progrès effectués à l’échelle mondiale concernant le climat et le développement durable :
La création d’un groupe d’experts international sur le climat , par exemple, chargé de rassembler et d’évaluer tous les travaux menés au sujet du climat dans le monde. A des échelles plus locales, il y a aussi eu entre la fin des années 90 et aujourd’hui la création de ministères de l’environnement dans pas moins de 110 pays (en France, cela a été fait en 1971).
Par ailleurs, la notion s’est ancrée et développée dans les mentalités jusqu’à faire partie intégrante des politiques publiques. Récemment, on peut l’illustrer par la volonté du gouvernement de s’inscrire dans la voie de l’économie circulaire. Enfin, les rencontres entre chefs d’Etats et de gouvernements au sujet du Développement Durable et de l’urgence climatique ne cessent de se développer, à l’image de la COP 21 ou encore plus récemment du One Planet Summit organisé à Paris par Emmanuel Macron fin 2017.
De l’urgence de convaincre les financiers d’investir dans l’environnement
Rassemblant en grande partie des financiers venus du monde entier, mais aussi des ONG et entreprises, le One Planet Summit avait pour objectif de convaincre les financiers qu’investir dans l’Environnement est nécessaire à une transition écologique réussie dans le monde.
Le postulat est simple : il faut des sommes colossales pour permettre à tous les pays du monde d’évoluer dans le sens voulu. Cela ne peut se faire sans un réel appui des capitaux privés. D’autant que les progrès technologiques dans ce domaine font désormais du “green” un terrain de jeu rentable. C’est notamment le parti pris réussi d’entrepreneurs talentueux comme Elon Musk avec ses entreprises Tesla (voitures électriques) ou SolarCity (panneaux photovoltaïques).
Ainsi, la mobilisation globale des pays du monde autour de la problématique du climat et de son urgence est chose faite et le terme bien ancré dans les mentalités. Reste donc à mobiliser les ressources financières et les distribuer équitablement afin de pleinement réussir cette transition vers un monde durable.
Espérons simplement que cela prenne moins de 45 ans.