Cela faisait plusieurs années qu’on entendait parler régulièrement de « crise de confiance » entre les consommateurs et les marques. La faute à de trop nombreux scandales, en particulier dans le domaine de l’alimentation. Mais pas uniquement. On pensait que ces scandales pousseraient les marques et les distributeurs à revoir leurs pratiques. Mais il manquait un outil pour rééquilibrer le rapport entre les marques et leurs clients. Un outil capable d’apporter une notion essentielle à la confiance : la transparence.
Cet outil est désormais fourni par la technologie, sous forme d’applications mobiles qui scannent des code-barres et qui, grâce à des bases de données préalablement qualifiées, vont redonner aux consommateurs les informations qui leur manquent. Tout le monde parle aujourd’hui de Yuka. Il en existe d’autres à l’image de QuelCosmetic ou de Scan’Up.
De la crise de confiance à la prise de conscience
De cette crise de confiance entre les marques et les consommateurs, il y a une notion qui s’est développée rapidement et récemment sur le marché. Cette notion, c’est la transparence. Une évidence et une nécessité pour certains, à l’instar de Carole Juge-Llewellyn, fondatrice de la marque Joone qui a fait de la transparence le coeur de son business modèle. « Se cacher derrière un label, aujourd’hui, ça ne suffit plus. Il faut donner accès à la transparence et à l’information. Et donc dire aux consommateurs : voilà le produit qu’on fabrique, voilà ce qu’il y a dedans. »
Une notion également validée par Alain Bazot, de l’UFC-Que Choisir. « Les professionnels du marketing ou des études connaissent mieux les consommateurs que nous. Nous on va plutôt faire en sorte qu’ils retrouvent une autonomie de pensée et donc une réelle autonomie dans leurs choix. On va leur ouvrir les yeux sur ce qu’est la réalité de l’offre. » Leur application QuelCosmetic fait partie des solutions qui permettent aux consommateurs de savoir si les produits qu’ils achètent correspondent ou non à certains critères. À une époque où nous sommes surexposés à la publicité, à l’infobésité et au greenwashing, le but est en effet de réinformer les clients sur ce qu’ils achètent. Mais aussi de leur montrer que la transparence va les aider à inverser le rapport de force.
Cette prise de conscience que les consommateurs sont capable de faire bouger les marques sera peut-être vue à l’avenir comme un tournant dans nos modes de consommation. C’est en tout cas ce qui se dessine à l’horizon. Et les premiers résultants sont désormais visibles.
À titre d’exemple, le succès très rapide de l’application Yuka fait beaucoup parler. Dans le story-telling, il faut dire que l’histoire est belle : la petite start up qui aide les consommateurs vient « d’inciter » le grand Intermarché à repenser la composition de plus de 900 produits. Mais Yuka n’est pas seule et d’autres acteurs viennent compléter cette offre d’un genre nouveau. Un créneau qui sera complété par exemple d’ici fin octobre par un nouveau venu, et pas des moindres, puisque la marque C’est qui le patron ? va lancer lui aussi son application de scan de produits.
🤔 C’EST QUOI CE PRODUIT ?! 😊 L’appli faite par nous les consos arrive 👉 https://t.co/Fk3Ep9nMPu Allez signaler vos attentes à vous (déjà + de 180 000 votes) Il est temps de faire savoir aux fabricants ce que nous voulons vraiment 😊✊🏻#SoutienAuxProducteurs #LePatronCestLeConso pic.twitter.com/cNkPKKR7Ux
— C’est qui le Patron? (@C_qui_le_Patron) September 21, 2019
Personnaliser les critères de notation des produits
La marque C’est qui le patron ? dispose d’une notoriété désormais bien établie dans le domaine de l’alimentation. Cette marque s’est crée une forte communauté de consommateurs engagés qui favorisent la commercialisation de produits rémunérant les producteurs à un juste prix… Mais qui savent aussi se rassembler – toujours grâce au numérique et notamment aux réseaux sociaux comme Twitter – pour contrôler que ce prix est bien respecté par les distributeurs.
Cette force collective a fait de cette marque l’un des emblèmes de la consommation responsable dans l’alimentation, aux côtés d’autres marques engagées comme, par exemple, la marque Poulehouse. Et si Yuka est solidement ancrée sur la notation des produits alimentaires (en prenant le nutriscore comme référentiel de base) ; l’application C’est quoi ce produit ?! va présenter un fonctionnement qui se base d’abord sur la personnalisation et les envies des consommateurs (qui sont 180 000 à avoir signalé leurs attentes).
L’appli sera ainsi configurable en fonction de différents critères : environnement, éthique, qualité, nutrition, prix, origine, appréciation. Ces informations viendront en grande partie de la base de données « Mes Goûts », ainsi que de la base OpenFoodFacts. La particularité, c’est que ces différents critères permettront aux consommateurs d’obtenir des informations plus précises par rapport à leurs attentes. Et l’objectif affiché est clair : « il est temps de faire savoir aux fabricants ce que nous voulons vraiment ». Une manière de mettre gentiment la pression sur les marques… Peut-on alors imaginer que le client va redevenir roi ?
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