La question de la biodiversité est majeure dans le développement des villes durables. Une question qui doit se gérer aux frontières de la ville – avec l’idée de réduire au maximum l’étalement urbain et l’artificialisation des sols – ainsi qu’à l’intérieur de celles-ci, puisque la nature en ville augmente la résilience des zones urbaines face aux changements du climat. La métropole de Lyon, désignée « capitale française de la biodiversité 2019 » pourrait faire figure d’exemple à suivre en la matière.
La métropole du Grand Lyon regroupe en effet 59 communes, soit plus d’un million d’habitants répartis sur 55 000 hectares. « Le Grand Lyon associe depuis plusieurs années son travail sur le climat à celui sur la place de l’arbre, de l’eau et de la nature sur son territoire« , expliquent l’Agence française pour la biodiversité, Plante & Cité et l’Agence régionale de la biodiversité en Île-de-France. Une histoire qui démarre en effet au début des années 90 et qui se base sur deux grands piliers : les arbres et les eaux de pluie.
L’arbre comme composante majeure de la ville
La politique globale de la collectivité lyonnaise en faveur de la biodiversité est initié en 1992 avec la mise en place d’une stratégie écologique urbaine puis d’une charte de l’écologie urbaine. Elle lance ensuite un premier plan climat en 2009, suivi d’une charte de l’arbre et, enfin, du « plan Canopée » qui prévoit un ensemble d’actions de protection des arbres existants et de développement des plantations. Un plan qui prévoit notamment de presque-doubler la portion d’espace public ombragée par les arbres de 12,3 % à 22 % d’ici 2030.
Cette initiative vise à planter 3 000 arbres supplémentaires par an dans des zones choisies pour améliorer à la fois le confort thermique et limiter les effets d’îlot de chaleur urbain. Elle a comme fondement la charte de l’arbre, qui affichait la volonté de réintroduire l’arbre comme une composante majeure de la ville et de systématiser leur prise en compte dans les projets urbains. D’après le site de la métropole lyonnaise, cet volonté « a permis de multiplier par 2,4 le nombre d’arbres présents sur les espaces publics de la Métropole de Lyon, passant de 42 000 en 1990 à plus de 100 000 aujourd’hui ».
Point de départ de cette politique qui met l’arbre au sommet des préoccupations urbaines, une étude réalisée pour la collectivité il y a quelques années portant sur la vulnérabilité de la Métropole de Lyon aux changements climatiques. Celle-ci avait mis en évidence que l’impact sanitaire des canicules estivales serait le principal risque à surmonter. D’où ce besoin de se raccrocher aux branches et de miser sur le végétal pour rafraîchir le bitume et les lyonnais. Une idée défendue par de nombreuses structures innovantes, à l’image de la start up Urban canopée.
En parallèle de ces actions de végétalisation de la ville, la métropole lyonnaise explore également les possibilités offertes par l’arrosage et notamment des dispositifs connectés et automatisés qui permettront à l’avenir de mieux gérer la ressource en eau. Et une notion qui s’inscrit dans une seconde partie du plan lyonnais en matière de ville durable : la stratégie de la « ville perméable ».
Les eaux pluviales comme élément structurant de l’aménagement urbain
La stratégie « ville perméable » de la métropole du Grand Lyon s’inscrit dans une volonté de répondre à quatre sujets : protéger les milieux naturels et la ressource en eau ; lutter contre les îlots de chaleur urbain ; faciliter le retour de la nature en ville ; s’adapter et réduire la vulnérabilité aux risques d’inondations. Cette politique de gestion des eaux pluviales vise en priorité à limiter l’imperméabilisation de la ville. C’est à dire la mise en place de surfaces poreuses sur les nouveaux projets pour éviter le ruissellement.
Au même titre que l’arbre, tous les projets urbains du Grand Lyon doivent donc inclure une réflexion sur les eaux pluviales et considérer celles-ci comme un élément structurant de l’aménagement de la ville. Une directive qui participe à l’éclosion de nouvelles zones et éco-quartiers. Ce sera par exemple le cas de la création d’une oasis urbaine sur 5 hectares au cœur de la ZAC Lyon Confluence, un éco-quartier déjà reconnu pour ses bâtiments intelligents à énergie positive.
Entre autres projets, la métropole lyonnaise travaille également sur la restauration écologique des berges de la Saône (création de « plages vertes » propices à la baignade ou à la pêche, création de lagunes, de platelages surélevés pour limiter l’impact sur les écosystèmes, restauration de bras morts, etc.) dans le but de recréer un lien entre l’eau et la population afin de la sensibiliser à sa préservation. De la même manière, la collectivité à décidé de restaurer et de réouvrir la rivière Yzeron, un cours d’eau canalisé, afin de réduire les risques d’inondations.
Ainsi, la ville de Lyon mise à la fois sur la gestion de l’eau et la place des arbres en ville afin de réussir sa mue en ville durable et résiliante aux effets du changement climatique. Un peu à l’image de Vitoria-Gasteiz, ville espagnole élue capitale verte de l’Europe en 2012.
Nos articles en lien avec la biodiversité en ville
Guillaume Joly. @guitjoly