La France est le second pays le plus consommateur de produits alimentaires bio en Europe, derrière l’Allemagne. Le secteur est en pleine croissance (+82% entre 2011 et 2016, +15% sur l’année 2018). Avec 1,8 millions d’hectares de surfaces agricoles cultivées de cette manière, la France se classe au 7ème rang mondial des producteurs bio.

Cependant, cet engouement pour la bio pose de nombreuses questions sur la qualité réelle ou pré-supposée de ces produits. Il est aujourd’hui possible de manger au printemps des tomates bio cultivées en Espagne sous serres chauffées… Tordue par le marketing vert, la notion d’agriculture biologique est entrain de perdre de son intérêt.

C’est la raison pour laquelle le CESE (Conseil Économique Social et Environnemental) recommande d’expérimenter un nouveau label qui s’appliquerait aux produits bio cultivés localement, de manière équitable et sans pesticides.

tomates et radis


La bio : un véritable déficit commercial en France

À l’heure actuelle, les Français consomment pour 8,7 milliards de produits bio par an. La production n’est cependant que de 4 milliards d’euros et environ 40% des produits bio consommés en France proviennent de l’étranger. Ainsi, l’idée selon laquelle la Bio serait plus écologique que l’agriculture traditionnelle est un cliché qui n’est pas toujours vrai.

Par exemple, de nombreux fruits et légumes sont récoltés bien avant d’arriver à maturité. Ils sont donc moins riches en vitamines et nutriments que leurs homologues issus de l’agriculture conventionnelle locale. Par ailleurs, certaines pratiques sont pointées du doigts, comme les serres-chauffées dont l’empreinte écologique est énorme. Sans compter le transport. Enfin, il n’y a aucune garanties concernant les contrôles qualités de ces produits car la réglementation sur les produits Bio n’est pas harmonisée dans tous les pays d’Europe.

Ainsi, pour mieux éclairer les consommateurs lors de leur acte d’achat, le CESE propose d’expérimenter en France la création d’un nouveau label, «agriculture biologique locale et équitable». Le rapport indique que ce nouveau logo reprendra «les caractéristiques agronomiques actuelles de l’agriculture biologique et en y ajoutant des critères de proximité entre les lieux de production, de transformation et de commercialisation, l’analyse du cycle de vie, la haute valeur environnementale et la RSE».

tomates bio grande surface


La Bio, beaucoup de marketing et plein d’idées reçues

Si la consommation de produits alimentaires bio explose en France (3/4 des consommateurs affirment en consommer au moins une fois par mois), cela pose des interrogation sur la capacité de ce label à tenir la distance. Qu’adviendra t’il lorsqu’il faudra industrialiser la production bio ? D’autant que plus les consommateurs en demandent, plus les marques en offrent. Et c’est là peut-être le principal problème.

Ainsi, comme nous l’expliquait Alain Bazot, président de l’association UFC-Que-Choisir, « la crainte c’est qu’il y ait une exploitation de ces attentes avec du faux. Il y a une complexité entre l’attente et ce qu’offre le marché. Aujourd’hui, on abreuve le consommateur d’offres dont on ne peut pas vérifier la réalité ». Un nouveau label pourrait peut-être éclairer mieux les consommateurs. Mais il faut aussi une éducation sur ce qu’est réellement le bio.

Car en effet, beaucoup d’idées reçues circulent à ce sujet. Ainsi, bio ne signifie pas nécessairement plus écologique ou plus sain d’un point de vue nutritionnel. Parfois, des produits issus de l’agriculture conventionnelle seront mieux fournis en vitamines ou auront une meilleure empreinte écologique. Et puis ces appellations excluent aussi la majeure partie des techniques d’agriculture urbaine, comme par exemple l’aquaponie et l’hydroponie. Pourtant ces techniques sont durables, économes en ressources et sans pesticides.

Ce qu’on retient, c’est qu’il y a surtout un énorme effort à réaliser pour effectuer la transition d’un modèle agricole intensif vers un modèle agricole durable et raisonné. Car c’est ce type d’agriculture dont nous avons besoin aujourd’hui. Durable et raisonné, c’est peut-être ça, aussi, la véritable appellation qu’il nous faudrait.

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