L’accès à l’eau est un des sujets environnementaux les plus sensibles qui existe aujourd’hui. Par exemple, en début d’année 2018, la ville du Cap en Afrique du Sud a du déclarer l’état d’urgence climatique en raison d’une sécheresse exceptionnelle. Au prix de cinq mois de réductions drastiques de leur consommation d’eau et grâce à un peu de chance, la ville a pu lever cet état d’urgence à quelques semaines du jour fatidique où il aurait fallu couper définitivement les robinets à ses 500 000 habitants.

Une situation qui malheureusement sera amenée à se répéter. là-bas ou ailleurs. D’après l’ONU, la pénurie d’eau (ponctuelle ou totale) affecte plus de 40% de la population mondiale et devrait augmenter. Aujourd’hui, plus de 1,7 milliard de personnes vivent dans des bassins fluviaux où l’utilisation de l’eau est supérieure à la quantité disponible. C’est ce qu’on appelle le stress hydrique. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) parle de stress hydrique lorsque la disponibilité en eau, par an et par habitant, est inférieure à 1.700m3. Pour comparaison, la France offre à ses habitants entre 2 500 et 6 000m3 par an. 

Selon les Nations Unies, près de 3 milliards de personnes devraient avoir à faire face à un stress hydrique d’ici 2025


De fait, le dérèglement du climat, l’augmentation de la population et l’urbanisation croissante des territoires ont pour conséquence de tirer toujours plus sur la ressource en eau douce. Ressource qui est malheureusement pas infinie. D’après les Nations Unies, près de 3 milliards de personnes devraient avoir à faire face à un stress hydrique d’ici 2025.

C’est donc l’un des objectifs de développement durable prioritaire de l’ONU que d’augmenter considérablement l’utilisation rationnelle des ressources en eau. Ainsi que de garantir la viabilité des retraits et de l’approvisionnement en eau douce. Un enjeu dont doivent se saisir aujourd’hui les villes afin d’évoluer vers le concept de smart-city vertueuse et résiliante. C’est par exemple le cas dans la ville de Vitoria-Gasteiz, au pays-basque espagnol. Elle a permis de réduire la consommation d’eau des habitants de 20% grâce à un meilleur contrôle des fuites d’eau mais aussi grâce à un programme de sensibilisation pour les habitants.

Les capteurs de tensiométrie de la société Urbasense
La solution proposée par Urbasense consiste à fournir quotidiennement des informations à partir de capteurs disposés sur le terrain. Photo : Urbasense


Urbasense : plus d’arbres et moins d’eau pour de meilleures villes

Les villes sont notamment confrontées à un paradoxe qui concerne les espaces verts. D’un côté, il faut davantage d’arbres, de jardinières, de parcs et de structures végétalisées. De l’autre, il faut économiser l’eau qui permet de les arroser et les maintenir en bonne santé. C’est ici que peut intervenir la technologie, et notamment l’Internet des Objets. En tout cas, c’est le pari réalisé par les deux fondateurs d’Urbasense.

L’un est docteur-ingénieur en agronomie, l’autre est ingénieur paysagiste. Soucieux de pallier une consommation d’eau souvent mal maîtrisée entraînant des surcoûts inutiles, ils ont mis au point une solution qui permet de rationaliser l’arrosage des plantations, parcs et terrains de sport. Ces spécialistes de la gestion de l’eau misent sur des sondes de tensiométrie qui analysent en continu l’humidité des sols, dans le but de proposer aux collectivités un suivi des plantations et de l’efficacité des arrosages. Par exemple, l’arrosage d’un terrain de sport exige plusieurs milliers de m3 d’eau par an.

La solution proposée par Urbasense consiste à rationaliser l’arrosage à partir de capteurs disposés sur le terrain. Elle est ainsi en mesure de fournir quotidiennement des informations relatives aux valeurs d’humidité des sols. L’interprétation de ces informations permet ensuite de formuler des recommandations en matière d’arrosage. Ces recommandations portent sur les doses (en mm ou minutes) ainsi que sur la fréquence des arrosages à effectuer. En moyenne, elle permet de réduire de 30 à 50% la fréquence des arrosages en ville.

Or, pour les équipes municipales, diviser par deux le nombre d’arrosages apporte à la fois des économies de transport (important pour réduire la pollution atmosphérique) ainsi que des économies d’eau. Une solution qui peut donc permettre d’augmenter les espaces verts en ville tout en réduisant la consommation d’eau. Une tendance qui devrait probablement se démocratiser dans les années qui viennent. 

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