S’il est indéniablement une révolution actuellement en cours dans le domaine agricole, c’est bien celle de la robotique. Depuis plusieurs années déjà, petites et grandes structures se démènent pour mettre sur pied – ou sur roues – ces futurs compagnons de travail qui vont aider les exploitants à optimiser leur activité et à réussir leur transition écologique.
Ainsi va l’innovation dans nos champs. Ce fut d’abord grâce à des applications mobiles et des sites web que les agriculteurs sont entrés dans le monde du numérique. Ensuite, ce fut avec l’apparition de l’agriculture de précision. Une des tendances de l’agtech qui permet d’aider les exploitants au pilotage de leur activité grâce à des capteurs connectés qui drainent et traitent des données. C’est maintenant, c’est via les drones et les robots agricoles que les choses vont encore changer. Et voila comment « l’agriculture redevient sexy », comme le souligne Nicolas Schoemaeker co-fondateur de la start-up INSTAR Robotics.
La cobotique à la rescousse de la filière horticole
INSTAR Robotics est une jeune start-up créée en 2018 par 4 associés : Nicolas Schoemaeker, Pierre Delarboulas, Alexandre Oeconomos et Adrien Jauffret. Ils sont ingénieurs en électronique embarquée, traitement du signal ou encore – pour deux d’entre eux – docteur en intelligence artificielle.
Ces roboticiens ont cherché à mettre en pratique leurs compétences sur un champ d’activité qui soit porteur de sens. Utile. Qui réponde à un besoin concret et à une chaîne de valeur courte. Ils s’intéressent alors à des domaines où les actions répétitives et besoins en mains d’oeuvre sont fortes. C’est auprès des horticulteurs et des pépiniéristes qu’ils décident de faire leurs armes avec un robot appelé Trooper.
La filière horticole en France est une filière en crise qui subit notamment la concurrence émanant de l’étranger. 85% des fleurs vendues en France viennent de Hollande ou d’Afrique. Si le développement des circuits-courts et la tendance à revégétaliser les villes pourrait redonner le sourire à ces professionnels, ils font cependant face à un problème de main d’oeuvre important. Trouver des saisonniers est plus difficile qu’auparavant et les permanents manquent de temps pour effectuer certaines tâches. C’est là qu’intervient Trooper. Le premier robot développé par INSTAR Robotics.
Trooper, le robot des pépiniéristes et horticulteurs
Trooper est un robot autonome spécialisé dans la manutention des pots. Il réalise deux types d’opérations pour les horticulteurs et pépiniéristes :
– le distançage (pratique qui consiste à écarter les pots au printemps pour que les plantes aient la place de s’épanouir)
– le resserage (pratique inverse qui consiste à resserer les pots à l’automne afin que les plantes se tiennent chaud et qu’il soit plus facile de les bâcher).
Trooper est également calibré pour effectuer la migration de lits, c’est à dire déplacer des ensembles de pots d’un endroit à un autre. Sa grande valeur ajoutée est d’être autonome, rapide et simple d’utilisation. Pour l’exploitant, il n’y a pas besoin d’un paramétrage savant mais seulement de donner 3 indications : la taille du pot, le type d’opération à effectuer, la distance à respecter.
Le robot fonctionne ensuite grâce à ce que l’on appelle l’apprentissage par démonstration. Un peu comme s’il était avec un enfant, l’horticulteur emmène le robot d’un point A à un point B afin de lui montrer le chemin à suivre. Trooper enregistre ces paramètres. Il va ensuite se débrouiller tout seul et déplacer les pots sur l’itinéraire qui lui a été montré.
Par ailleurs, les créateurs de Trooper s’inscrivent dans une démarche environnementale dont ils souhaitent faire un axe de leur stratégie. D’une part, leurs produits servent à améliorer une filière qui profite à la biodiversité. Mais en terme d’énergies, leurs robots fonctionnent entièrement à l’électricité. Ils ne polluent pas. Ils ne sont pas bruyants. Un peu à l’image de Ponchon, le robot agricole dédié aux maraîchers.
Aujourd’hui, le compagnon agricole d’INSTAR Robotics est testé directement chez des professionnels afin de le rendre fonctionnel au plus vite. La jeune start-up souhaite profiter de l’année 2019 pour délivrer une version finale et recruter une équipe afin d’industrialiser la production.