Replace (pour Reuse Plastic Circular Economy) est une jeune entreprise fondée en 2019 par Laurent Villemin et Christian Horn et basée Woippy en Moselle. Elle développe un tout nouveau procédé de recyclage et de valorisation des plastiques dits multi composants.
Aujourd’hui, ces plastiques complexes ne sont pas recyclés car composés de beaucoup d’éléments différents. Ces matériaux, tubes de dentifrice, emballages alimentaires, masques chirurgicaux, coiffes de bouteilles de champagne… finissent la plupart du temps incinérés ou enfouis, quand ce n’est pas dans la nature.
Une alternative à l’enfouissement et l’incinération
Afin de gagner en résistance ou en légèreté, des additifs sont ajoutés à certains plastiques. Si cela améliore les caractéristiques de l’emballage, cela dégrade partiellement ou entièrement l’aspect recyclable de ces matériaux, qui ne sont alors ni traités ni adressés par l’industrie du recyclage.
“Dans le cas d’une bouteille, on peut facilement séparer la partie en PET (le corps de la bouteille) et celle en polypropylène (le bouchon) car ils ont tous les deux des densités différentes. En revanche, pour un paquet de chips, on a une couche d’aluminium soudée entre deux couches de plastique dans des épaisseurs très faibles. La séparation nécessite donc de nombreuses étapes et rend le process économiquement peu viable” confiait Laurent Villemin à l’Usine Nouvelle.
D’après Replace, en Europe plus de 10 millions de tonnes de plastique multi composants sont enfouis ou incinérés chaque année. Ces deux options de fin de vie à forts impacts sur l’environnement ne sont pas souhaitables. Ces matériaux peuvent par ailleurs être considérés comme un potentiel inexploité. En effet, il est possible de tirer de ces plastiques une nouvelle matière première qui servira en bout de process à produire de nouveaux objets, créant ainsi une circularité pour ces matériaux.
Donner une seconde vie aux déchets plastiques sans solutions
A l’instar d’autres types de matériaux complexes pour lesquels des solutions émergent, Replace innove pour ces plastiques composés de plusieurs couches. Le principe de la technologie de Replace est de les transformer en les mélangeant plutôt qu’en essayant de les séparer – ce qui serait très complexe et extrêmement énergivore comme procédé – puis de se servir des additifs déjà présents dans les plastiques afin de ne pas en ajouter.
Ainsi, et associés à Aisa, un fournisseur d’équipements et de solutions pour la production d’emballages de tubes en plastique et l’actionnaire historique de la start up, les deux fondateurs sont arrivés à mettre en place un process qui permet donc d’obtenir une nouvelle matière première, elle même recyclable. Le tout en une seule étape de transformation, ce qui réduit les impacts en consommation d’énergie et en émissions.
Cette nouvelle matière peut alors servir de matériau de base pour d’autres usages. Par exemple, la fabrication de produits de qualité supérieure. Dans l’esprit nous ne sommes plus très loin du principe d’upcycling – la transformation industrielle en plus bien entendu.
Une première ligne de production a été lancée à Vienne-le-Château sur le site d’Argonne Production, partenaire de la start up. A partir des coiffes de champagne collectées localement, Replace y fabrique en bout de chaîne des tuteurs utilisés dans les vignobles de la région.
C’est le dernier volet adressé par l’entreprise, travailler en circuit court. La technologie peut s’adapter et se déployer dans de nombreux contextes. L’idée étant de coller aux spécificités d’un territoire, de s’implanter au plus près de la source des déchets captés. Et de créer des produits répondant à des besoins identifiés. Dans l’Est, les coiffes de champagne sont transformées en tuteurs de vignes 100% recyclés et recyclables.
Une levée de fonds pour accélérer
Replace crée donc une boucle vertueuse, circulaire, et rentable pour les industriels, avec un impact carbone faible sur toute la durée de vie de ses produits. Après avoir convaincu du potentiel, de la valeur et des débouchés offerts par ce tout nouveau process de recyclage, la start up a levé 4 millions d’euros en septembre dernier auprès du réseau de business angels local Yeast et du fonds ILP.
Les objectifs sont de déployer la solution sur le territoire, de trouver de nouveaux partenariats, et de devenir le référent pour les entreprises et collectivités qui ne savent pas comment gérer la fin de vie des plastiques multi composants. Après une 2eme ligne de production lancée sur le site d’Argonne, la start up souhaite en 2023 construire une ligne sur un deuxième site et recruter entre 5 et 10 personnes.
Illustration – Crédits Replace