L’Agence européenne pour l’environnement (AEE) a publié le lundi 29 octobre son rapport 2018 sur la qualité de l’air en Europe. On y note que des améliorations vis à vis des années précédentes sont visibles. Mais pourtant, l’exposition des citoyens européens à un air de mauvaise qualité est toujours très importante. Dans les faits, cette pollution est responsable d’environ 422 000 décès prématurés dans l’ensemble des 41 pays européens en 2015.
Les princpaux polluants pris en compte dans ce type de rapport sont les particules fines (PM), l’ozone et le Dioxyde d’azote. Des éléments qui proviennent essentiellement des activités humaines. Le trafic routier, par exemple, serait responsable de 90% des émissions de particules primaires et de dioxyde d’azote. En France, selon les chiffres du ministere de la transition écologique et solidaire, l’année 2017 est marquée par des dépassements des normes européennes pour au moins deux de ces polluants. Ces dépassement concernent douze agglomérations dont Paris, Lyon et Marseille (pour ce qui concerne le dioxyde d’azote) et 27 agglomérations en tout pour l’ozone.
Lire aussi : R-PUR, un masque filtrant les particules fines
La data au service d’une meilleure qualité de l’air ?
Nous entrons bientôt en hiver. Et comme chaque année, cette période sera marquée par des pics de pollution dans de nombreuses agglomérations françaises et européennes. En raison de l’accroissement de la consommation électrique, du chauffage, et de trajets plus importants réalisés en voiture.
Dès lors, comment peut-on adapter notre quotidien en fonction de la qualité de l’air ? Prenons l’exemple des cyclistes où des amateurs de running. Faudrait-il arrêter de faire du sport en extérieur dès que la pollution est trop importante ? La question n’est pas anodine car c’est très précisément en préparant le Marathon de Paris que Romain Lacombe a eu l’idée à l’origine de sa start-up : Alerter sur les fléaux de la pollution de l’air.
Romain Lacombe, c’est un ingénieur français diplômé de l’école polytechnique et du MIT. Passé par la plateforme Etalab (data.gouv.fr), il a depuis longtemps la conviction qu’il faut développer l’accès aux données (open data) pour encourager le développement durable. Une vision qu’il mène depuis 3 ans avec Plume Labs, start-up dont l’objet est d’offrir à la population mondiale une meilleure information concernant la pollution atmosphérique.
C’est notamment lors de la Cop21 que l’entreprise se fait remarquer. Elle publie alors la première carte de la pollution en temps réel dans le monde. La carte prédit les niveaux de pollution heure par heure dans plus de 220 villes grâce à des algorithmes prédictifs. Un peu plus tard, en Mars 2016, à Londres, re-belotte avec une opération plébiscitée. En association avec Digitas, Plume Labs organise une campagne de prévention innovante concernant la pollution de l’air. L’entreprise équipe à cette occasion une escadrille de pigeons voyageurs de capteurs de qualité de l’air. Les pigeons parcourent Londres et permettent de mesurer en direct les différents niveaux de pollution dans la ville. Cette première étape dans la cartographie en temps réel de la pollution d’une ville est au coeur du projet de la jeune PME.
Cartographier la pollution dans le monde entier
Plume Labs possède en effet deux produits phares. Le premier s’appelle Air Report. Il s’agit de la fameuse application présentée lors de la COP21. Elle permet de suivre en temps réel la pollution dans différentes grandes villes mondiales.
Air Report se présente sous forme d’application mobile gratuite. Elle utilise des méthodes de machine learning et consolide des données issues d’une multitude de sources. A l’origine, les données provenaient des 12 000 stations de contrôle gouvernementales à travers le monde; aujourd’hui s’y ajoutent des données satellitaires, des modèles atmosphériques et diverses sources météorologiques, pour donner les niveaux de pollution en temps réel. Mais aussi des prévisions ainsi que des conseils pour éviter la pollution.
L’entreprise couvre aujourd’hui des centaines de milliers de villes dans le monde. Mais pour aller plus loin, Plume Labs a également investi dans le hardware avec la création de Flow. Il s’agit d’un objet connecté. Un capteur de pollution personnel qui détecte les principaux polluants nuisibles à la santé des utilisateurs. Relié au smartphone via une connexion bluetooth, il permet d’identifier en temps réel la qualité de l’air que vous respirez.
Ainsi, à la manière d’un assistant personnel anti-pollution, Flow peut permettre de modifier les comportements individuels pour se prémunir de la pollution. Il permet donc d’ajuster ses habitudes lors des périodes de forte pollution. Cela passe par des conseils pour privilégier les mobilités douces, mais aussi, pour les piétons et cyclistes, la possibilité de pouvoir emprunter des chemins moins exposés. En effet, il faut savoir que d’une rue à un grand boulevard, la pollution de l’air peut varier de 1 à 8. C’est toujours mieux de respirer moins de polluants quand on peut les éviter.
Grâce à ces capteurs et aux données récupérées par le biais de Air Report, l’entreprise souhaite à terme pouvoir créer une cartographie précise et en temps réel de la pollution dans les principales villes du monde. Une utilisation intéressante de la Data, en attendant que la qualité de l’air s’améliore pour de bon dans le monde.
Lire aussi : Meersens, mesurer la qualité de l’air et l’eau
Guillaume Joly.