N’go est une entreprise nantaise qui a été créée en 2016 par deux copains de lycée, Kevin Gougeon et Ronan Collin. Pour arriver à produire des baskets éthiques et solidaires, les deux amis sont partis de leur goût commun des voyages, en Amérique latine puis au Vietnam, et de l’attrait pour l’artisanat ethnique. Et entre son cabinet d’expertise comptable où Kevin cherchait du sens à son travail, et le stage de fin d’études au Vietnam de Ronan, l’envie de produire utile et responsable a renforcé la complicité des deux co-fondateurs de N’go.

Quatre ans plus tard, N’go est une entreprise éthique, solidaire et fashion, distribuée dans 125 points de vente en France et en Europe, et qui aura produit plus de 20 000 paires de baskets en 2020 (deux fois plus qu’en 2019). La success story de la jeune entreprise tient pourtant plus du projet social et multiculturel que du business model du secteur de la mode. La sneaker N’go cache en effet bien son jeu, car elle soutient l’émancipation de femmes artisanes Thaï blanches et construit des écoles dans des villages reculés du Nord Vietnam.


Travailler sur le commerce équitable et multiculturel

Les deux amis se sont rejoints sur leur envie de construire un projet ensemble, le Vietnam s’est imposé à eux du fait de la très bonne connaissance du pays de Ronan qui y a vécu plusieurs années, en parle la langue et en connaît les usages. « On voulait être réellement acteurs du projet et nouer une relation de confiance et de transparence avec nos partenaires sur place« .

Pour en arriver aux chaussures vendues en ligne et en boutiques aujourd’hui (pour moitié sur chaque réseau), les co-fondateurs ont dû se former de bout en bout. Étrangers au milieu de la mode, et à celui de la chaussure en particulier qui demande beaucoup de technicité et de matières premières différentes, les premiers temps ont été ceux de la découverte et de l’apprentissage. Sur place, Ronan Collin a finalement trouvé la 1ère coopérative d’artisanes et l’atelier d’assemblage des chaussures avec lesquels N’go produit aujourd’hui les sneakers. Les deux entrepreneurs ont aussi trouvé l’association avec laquelle ils voulaient créer un partenariat, l‘ONG Sao Bien – Room for education.

Très investie dans l’enjeu de scolarisation des enfants de provinces reculées du Vietnam, l’entreprise reverse chaque année 2% de son chiffre d’affaires à Sao Bien. Un engagement pris pour sécuriser le partenariat avec l’ONG, qui est « primordial pour nous. En basant notre contribution sur le CA ça suit réellement la croissance de l’entreprise de manière proportionnelle« . Avec près d’1 million d’euros de CA prévus en 2020, c’est environ 20 000 euros qui contribueront à construire la prochaine école. Ainsi, depuis 2017 chaque paire de N’go shoes contribue à la scolarisation d’enfants Vietnamiens.

La base du projet était de créer un cercle vertueux où le succès permet aux parties-prenantes d’en tirer profit, et pas uniquement les co-fondateurs de l’entreprise.

Kevin Gougeon, co-fondateur de N’go


Émanciper les femmes tisseuses et leur communauté

Quatre écoles ont été construites avec l’aide de N’go depuis le début du projet, avec 50 à 60 élèves par école. C’est l’ONG qui est en lien avec les autorités locales et qui détermine les besoins en infrastructures scolaires sur le territoire vietnamien. La majorité des attentes est dans des villages très marginalisés, essentiellement au nord du pays. Sao Bien réalise 6 à 7 projets par an, dont un est sélectionné et financé par N’go.

Le projet éthique de N’go ne s’arrête pas là puisque l’objectif, dès le départ, était de faire travailler sur place des artisanes dont le savoir-faire en tissage traditionnel aurait pu se perdre. « On a commencé avec une coopérative et trois femmes qui tissaient. Aujourd’hui on travaille avec trois coopératives, et c’est environ quarante femmes qui pratiquent ce savoir-faire du tissage à la main et qui en vivent. En formant d’autres femmes du village, elles maintiennent un savoir-faire. Et au-delà, nous nous sommes rendu compte que comme ce savoir-faire est détenu par les femmes, ça contribue à leur émancipation. « .

Les tisseuses sont en effet propriétaires des coopératives et s’organisent pour leur travail. Et la collaboration avec N’go prend encore plus de valeur en période de pandémie mondiale, qui a anéantit le secteur du tourisme au Vietnam, pays pourtant peu touché par le virus de Covid. N’ayant plus de commandes d’objets pour les marchés touristiques, les coopératives se retrouvent pendant plusieurs mois à ne plus travailler que pour N’go.

NGo-Tisseuse-Vietnam


De la diversification, du recyclé et du recyclage

Le lancement sur Ulule ce 3 novembre, pour un mois, des préventes d’un backpack tissé aux motifs ethniques contribue aussi à diversifier l’offre et à augmenter le nombre de coopératives de tisseuses et d’ateliers d’assemblage. Elle a pour objectif de lancer une première production – livrée pour Noël – et d’envisager, en cas de succès, le développement d’une gamme de bagagerie et accessoires.

Tout comme les chaussures, les sacs sont entièrement fabriqués au Vietnam « la matière, les artisans, la fabrication, les écoles, c’est un projet 100% implanté au Vietnam« . Avec une vigilance forte de la part des associés sur les assurances, le respect des conditions de travail, etc. qui a permis aussi d’instaurer une transparence et une relation de confiance entre l’entreprise nantaise et leurs sous-traitants vietnamiens.

Avec le lancement cette saison de baskets recyclés (jusqu’à 68% selon les modèles), la conception des nouveaux sacs suit la tendance vertueuse de matières premières recyclées à 57%. En complément, N’go s’est associé avec Zero Waste Shoes pour récupérer et recycler les sneakers ou leur donner une seconde vie.

C’est notre devoir de proposer une solution pour les N’go usagées. Et si demain plus personne n’a besoin d’acheter des N’go neuves, ce sera plutôt bon signe


Et pour aller encore plus loin, les deux associés veulent « créer des partenariats avec des industriels basés en France pour récolter des chaussures de toute marque et envoyer le caoutchouc à l’un, le cuir à l’autre, etc.« . À nouveau, l’objectif n’est pas de faire du business mais bien de réduire l’empreinte carbone, « avec une vraie solution, et pas du greenwashing, pour ces chaussures usagées. Les choses vont très vite sur le recyclé et le recyclage, le projet pourrait aboutir en 2022. »

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