Depuis quelques jours, une navette sans chauffeur circule sur les routes proches de l’aéroport de Nantes. Apparue déjà cet été dans le centre-ville, elle effectue cette fois-ci une boucle de 2,5 km qui lui impose de franchir plusieurs ronds-points. Ce mini-bus 100 % électrique et autonome embarquera des passagers à partir du 1er mars. Ce sont notamment les employés qui emprunteront la navette gratuitement pour se déplacer dans la zone industrielle.
À l’image de Nantes Métropole qui s’est associée pour l’occasion avec l’entreprise française Navya, les opérateurs de transports en commun multiplient les expérimentations de véhicules autonomes dans de nombreuses villes françaises, comme Paris, La Rochelle ou encore Lyon. Ce nouveau mode de transport séduit car il pourrait apporter de nombreux bénéfices pour améliorer la mobilité dans les Smart City.
Pourquoi des navettes autonomes ?
L’urbanisation galopante de nos sociétés amène la naissance de nouvelles politiques et de nouveaux modes de transports. C’est une des conditions essentielles pour favoriser la transition écologique des villes. Ces politiques impliquent le développement des mobilités douces, et la recherche de modes de transports plus verts. C’est notamment le cas des services de véhicules en autopartage. Dans ce cadre global, l’apparition des véhicules autonomes représente une alternative intéressante pour compléter l’offre de transports. Ils sont notamment pertinents sur de courtes distances, les fameux premier et dernier kilomètres.
Quels en sont les avantages ? En premier lieu, il y a un bénéfice environnemental inhérent à l’apparition des navettes autonomes. Elles permettent de réduire la congestion du trafic, mais aussi les problèmes de stationnement. Elles sont électriques et participent alors à réduire la pollution de l’air. L’apparition des navettes autonomes représente également un gain de productivité et de sécurité quand elles sont utilisées dans sites privés : universités, hôpitaux, mais aussi sites industriels comme ce fut le cas par exemple sur le site nucléaire de Fukushima.
Outre l’expérience en cours dans la zone aéroportuaire à Nantes, des essais sur zones privées sont effectués en France au CEA à Paris-Saclay. La RATP y mène une expérimentation avec deux navettes qui circulent sur une route ouverte entre les différents bâtiments administratifs, les centres de recherche et les restaurants du campus. Cela vise à faciliter le quotidien des quelques 7 000 personnes qui y travaillent. Ces partenariats se font avec des entreprises technologiques du secteur des véhicules autonomes à l’image de Navya ou EasyMile.
Des expériences dans 13 villes françaises
Ainsi, l’intérêt majeur des navettes autonomes est d’abord lié à l’environnement mais aussi à la productivité de certaines zones professionnelles. Il ne s’agit pas d’un substitut aux voitures, mais à un complément dans l’offre de transports que peuvent proposer les Smart City. Elles permettent d’augmenter capillarité du réseau mais aussi de desservir de nouvelles zones.
En France il y a d’ailleurs un soutien politique sur le sujet. Elisabeth Borne, ministre des transports, a présenté en fin d’année 2018 une stratégie nationale de développement des véhicules autonomes. Ce document vise à construire d’ici 2022 un cadre permettant la circulation en France de voitures particulières, de véhicules de transport public et de véhicules de transport de marchandises hautement automatisés. La circulation des véhicules électriques autonomes pourrait même être autorisé dès 2020 en fonction du vote de la Loi Orientation des Mobilités.
Les véhicules autonomes sont une des réponses dans notre combat pour la #mobilité de tous et partout, notamment dans le monde rural.
— Elisabeth BORNE (@Elisabeth_Borne) April 24, 2019
✅Ce matin, nous passons à la vitesse supérieure: l’Etat s’engage dans 16 expérimentations concrètes dans nos territoires. https://t.co/zVYp8ZKbFG pic.twitter.com/RW7j9Ik0MN
Dès cette année, des expériences auront lieu à Paris, Vincennes, Saclay, Nantes, Rouen, Saint-Rémy-Les-Chevreuses, Vichy, Toulouse, Rennes, Montpellier, Clermont-Ferrand, Sophia-Antipolis et Brenne.
À Paris, les navettes de l’entreprise Easymile ont déjà été testées par la RATP entre les gares de Lyon et d’Austerlitz et avaient transporté 30 000 voyageurs. Les navettes autonomes de Navya sont expérimentées dans le quartier d’affaires de La Défense, à l’ouest de Paris, par la région Île-de-France et Keolis (filiale de la SNCF). Cette dernière les avait aussi essayées à Lyon, dans le quartier de la Confluence. Côté privé, deux navettes assurent le transport des salariés de TOTAL sur l’un de ses sites à Dunkerque. Un service de navettes autonomes est également expérimenté par la Caisse des Dépôts, Icade et Transdev pour les salariés des entreprises du parc d’affaires de Rungis.
L’enjeu de la supervision humaine
Si le développement des véhicules autonomes apporte des avantages non-négligeables pour les villes de demain, la pleine réussite du modèle ne pourra aboutir que si les utilisateurs adoptent réellement ce sujet. Et à ce niveau, le blocage principal, c’est la sécurité. Aujourd’hui 56% des français ne se sentent pas en mesure de faire au confiance aux véhicules autonomes. Les tests effectués dans différentes villes dont celle de Nantes ont notamment pour but de faire évoluer les mentalités à ce niveau.
Pour les opérateurs de transport comme pour les constructeurs, il est aujourd’hui très difficile de prévoir une échéance à court terme tant que la pleine sécurité de ces systèmes n’est pas avéré. L’enjeu majeur à ce niveau reste la supervision par l’humain, depuis un poste de contrôle plus ou moins distant qui peut d’ailleurs être présent dans le véhicule. C’est aujourd’hui le cas. Un opérateur humain reste présent dans les navettes qui sillonnent actuellement la France, du fait de la législation en vigueur.
Quoiqu’il en soit, l’automatisation des transports est en vogue car c’est un enjeu majeur des Smart City. Il existe déjà des modèles qui fonctionnent très bien, à l’image de la ligne 14 du métro parisien. De nouveaux modèles apparaissent également pour adapter ces dispositifs pour le bus et le tramway. C’est aussi le cas pour les opérations de maintenance des transports. Ainsi, la RATP teste actuellement le concept de garage intelligent qui vise à réduire le temps que consacrent les conducteurs à récupérer et restituer leur autobus. La SNCF travaille de son côté au développement de trains autonomes pour le fret et, à terme, le transport de passagers.