Covoit’Tan, c’est un nouveau service de covoiturage urbain lancé par Nantes Métropole, sa régie des transports (la SEMITAN) et la start up Klaxit, leader français du covoiturage domicile-travail. Ce service est inédit en France et ouvre la voie à une intégration pleine et entière du covoiturage dans les offres de transports en commun. Avec Covoit’Tan, les Nantais.e.s pourront utiliser le covoiturage avec la carte de transports qui leur permet de prendre le bus et le tramway. Environ 150 000 habitants sont déjà concernés.

Ce nouveau service de covoiturage entrera en service à partir du 19 novembre 2019. Il vient compléter deux offres déjà existantes sur le territoire de la ville de Nantes et sera suivi d’autres expérimentations, notamment une étude pour la création de voies dédiées au covoiturage sur les grands axes qui mènent à la Métropole. « Nous souhaitons agir sur un usage différent de la voiture individuelle » abonde en ce sens Johanna Rolland, Maire de Nantes et Présidente de la Métropole, engagée depuis déjà longtemps dans la réduction de l’usage de la voiture en ville.


Développer l’usage de la voiture partagée

« Santé, environnement, pouvoir d’achat et lien social ». Voilà les quatre piliers que Johanna Rolland met en avant pour expliquer la politique de déplacements urbains mis en oeuvre par la Métropole depuis quelques années. Reconnue depuis longtemps comme l’une des villes françaises les plus avancées en matière de cyclabilité, élue capitale verte européenne en 2013, dotée d’un réseau de transports innovants qui mêle des navettes fluviales à hydrogène et des busway électriques, Nantes va désormais plus loin en devenant la première métropole française à inclure le covoiturage dans son offre de transports en commun.

« Aujourd’hui, seule une voiture sur quatre est partagée. Si chaque conducteur prend une personne en plus dans son véhicule, nous réduisons le trafic de 40% » précise encore la Maire de Nantes, avant d’aborder les questions d’environnement et de santé publique. « Moins de voitures, c’est moins de particules fines, c’est mieux pour la santé de nos habitant.e.s ». Et pour cela, la métropole mise sur le covoiturage avec l’objectif d’améliorer en parallèle le maillage de son réseau de transports et d’aller chercher les 20% d’habitants de la métropole qui sont relativement mal desservis par le réseau classique.

La particularité de l’offre construite par la ville de Nantes, en partenariat avec l’entreprise Klaxit, c’est donc d’intégrer le covoiturage dans une offre de transport en commun. Dès lors que vous possédez une carte de transport (en l’occurence ici, il faut l’abonnement illimité LiberTan), vous pouvez prendre le covoiturage gratuitement tous les jours de la même manière que le bus. « Le covoiturage n’est pas un concurrent du transport collectif » précise Pascal Bolo, président de la Semitan. « Tous les transports sont complémentaires entre eux ». Et cette complémentarité se fait aussi avec d’autres services de covoiturage qui existent déjà dans la métropole, à l’image du réseau Ouestgo et du réseau CocliquO.

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arrêt covoiturage Nantes
21 aires de covoiturage sont aménagées autour de la Métropole Nantaise


Un 3ème service de covoiturage pour la métropole Nantaise

Ouestgo.fr est un service de covoiturage lancé en mai 2018 par Nantes Métropole et 6 autres collectivités de l’Ouest. Cette plateforme publique, gratuite et mutualisée a pour objectif de favoriser les déplacements domicile-travail et ou évènementiel sur les territoires proches de Nantes. Elle recense aujourd’hui 49 000 utilisateurs inscrits. Une seconde version de cette plateforme verra d’ailleurs le jour d’ici la fin de l’année, avec une application mobile prévue pour début 2020.

En parallèle de ce service, il existe dans les communes d’Orvault et de Sautron – communes limitrophes de Nantes – un service appelé CocliquO qui permet de covoiturer gratuitement à l’intérieur de la commune. Lancé par un collectif citoyen (l’association Ateliers Ecolo-Citoyens d’Orvault), le service est désormais géré en partenariat avec la Métropole et s’est étendu à Sautron… avant peut-être de toucher d’autres communes ?

Avec Covoit’Tan, Nantes s’offre désormais une troisième alternative en matière de covoiturage et se positionne en ville avant-gardiste sur cette problématique. Signe que le territoire envisage sérieusement cette piste en matière de mobilité durable, le Plan de Covoiturage de la ville implique également des investissements en matière d’infrastructures. D’abord grâce à des voies réservées au covoiturage sur les grands axes qui mènent à la métropole. Une étude de faisabilité sera lancée en fin d’année et les premières expérimentations devraient voir le jour en 2021. Ensuite, ce sont 21 aires de covoiturage qui sont aménagées autour de la ville pour faciliter les points de rencontre.

e-busway à Nantes
Les e-busway en circulation à Nantes, une autre forme de transport collectif « propre »


Nantes, bientôt ville sans voitures ?

Évidemment, l’idée d’une ville sans voitures n’est pas étrangère aux politiques de déplacements mises en oeuvre par la Métropole depuis 2014. Le Plan de Déplacement Urbain de la ville, voté en 2018, prévoit d’ailleurs de ramener la part modale de la voiture de 43% à 23% d’ici 2030. Pour cela, si la ville mise sur le covoiturage pour réduire l’usage de la voiture individuelle, elle n’oublie pas non plus les autres modes de transports.

Outre ses navettes fluviales, la ville investit dans son réseau de transport en commun. 3 nouvelles lignes de tramway vont être mises en place ainsi que de nouveaux « busway », une spécificité locale. Ces dernières années, la ville a aussi aménagé 122 kilomètres de pistes cyclables et prévoit l’aménagement de 150 kilomètres supplémentaires d’ici 2020. Évidemment, Nantes n’est pas encore Pontevedra et certains chantiers sont encore à améliorer.

Quant au service Covoit’Tan, l’objectif est d’atteindre rapidement les 5 000 utilisateurs afin d’avoir une masse critique suffisante pour en tirer des conclusions. Mais si le pari est réussi, la ville pourrait faire figure d’exemple à suivre en la matière. Dans ses objectifs, Nantes Métropole souhaite en tout cas que la voiture partagée devienne un véritable mode de transport.

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