On estime qu’il y aurait actuellement 5 000 milliards de morceaux de plastique dans les mers et les océans. Il suffit d’ailleurs de regarder l’état des plages de Marseille après les intempéries qui ont touché la cité phocéenne il y a quelques jours pour comprendre que la situation est encore loin de s’améliorer.

Pourtant, les initiatives qui visent à réduire cette pollution se multiplient ces dernières années, à l’image du Manta, le projet mené par le navigateur Yvan Bourgnon avec son association The SeaCleaners. C’est aussi ce que propose Aymeric Jouon depuis quelques années avec son projet de startup au nom évocateur : I Clean my Sea.

« L’activité de I Clean My Sea consiste à proposer des services de lutte contre l’invasion des plastiques en mer » nous résume d’ailleurs l’entrepreneur, engagé depuis 2019 dans ce projet qui a vocation à intervenir sur plusieurs maillons de la chaîne de valeur de la dépollution des océans, à savoir la détection, la collecte et la valorisation des déchets.


Un service participatif pour la détection des déchets

I Clean My Sea, pour ce faire, propose en premier lieu un service de collecte des déchets flottants. « I Clean My Sea propose de déployer des bateaux qui sont spécifiquement équipés pour collecter les déchets flottants avec une empreinte carbone la plus limitée possible » résume Aymeric Jouon.

Mais qui dit collecte dit également détection, ce qui n’est pas une mince affaire, car on a beau parler de continent de plastique, la majorité des déchets qui flottent dans nos mers ne sont pas pour autant agglomérés au même endroit. Alors, pour aider les marins à optimiser leur collecte, la startup a mis au point une application à destination des particuliers. Tout ce qu’il suffit de faire, c’est de prendre en photo un déchet flottant que l’on aurait repéré et la plateforme s’occupe du reste. « De cette manière, nous savons exactement le type de déchet qui a été pris en photo, et nous récupérons aussi sa position et l’heure à laquelle la photo a été prise« .

Ces données sont ensuite agrégées et traitées sur une deuxième application, également développée par la startup. Celle-ci se nomme « Collector » et est dédiée aux acteurs de la collecte des déchets flottants, sous forme d’abonnement pour les entités indépendantes de l’entreprise. Grâce à un calcul utilisant « des modèles hydrodynamiques et des prévision des trajectoires« , l’outil est capable de déterminer la zone où le déchet en question va se trouver.

Cette innovation encore en développement aujourd’hui a d’ores et déjà obtenu le soutien de plusieurs organismes dont la région Nouvelle-Aquitaine, la BPI mais aussi l’Agence Spatiale Européenne, qui participe au déploiement de l’application. « Si ces détections peuvent servir à collecter des déchets en mer, cette accumulation d’informations permet de créer de la donnée. Et c’est spécifiquement pour ça que l’Agence Spatiale Européenne nous a donné des moyens, c’est parce que cette donnée va pouvoir servir à élaborer un algorithme de détection des déchets flottants à partir des images satellites« , explique l’entrepreneur.


Un projet de valorisation prévu à l’horizon 2022

N’ayant pour le moment qu’un seul bateau à disposition, l’entreprise a pu expérimenter son service de collecte en 2020 sur l’Adour dans la région Nouvelle-Aquitaine où elle a pu opérer pendant 3 mois. Désormais, l’objectif pour la jeune startup sera de mettre en place son application « Collector » rapidement et de mettre à l’eau un nouveau bateau en 2021, le premier ayant été fabriqué par la fondation Race For Water.

Concernant la valorisation des déchets collectés, I Clean My Sea projette de déployer une solution en 2022 en collaborant notamment avec des artisans locaux. L’idée sera de valoriser ce plastique récupéré via des créations comme du mobilier d’intérieur ou du mobilier urbain.

À lire également