Avec presque 9 millions de kilomètres carré, le Sahara est la plus vaste étendue désertique qu’on peut retrouver sur terre. Un endroit où presque rien ne pousse. Une mer de dunes sur lesquelles les rayons du soleil viennent se heurter. Mais c’est aussi une zone frappée par des vents violents. Des vents qui ont même une vertu : ils transportent le sable du Sahara par dessus l’Océan Atlantique afin de le déposer en Amérique du Sud. Ce qui permet de fertiliser le bassin de l’Amazonie.
Ainsi, le Sahara est un désert de soleil et de vent. Alors ne serait-il pas un endroit de rêve pour les énergies renouvelables ? C’est ce que démontre une étude parue en 2018 et qui suggère d’en faire le poumon des énergies vertes mondiales. Sur le papier, l’étude est intéressante. Mais est-elle cependant réaliste ?
Transformer le désert en un gigantesque parc éolien et solaire
Le Sahara pourrait être une mine d’or concernant les énergies éoliennes et photovoltaïque. C’est le constat qui a été fait par Yan Li et ses collaborateurs dans une étude publiée le 7 septembre 2018 dans la revue Science. Ces scientifiques ont ainsi modélisé l’impact que pourrait avoir une production massive d’énergies renouvelables dans cette zone du globe. Et d’un point de vue théorique, leur prédictions sont très satisfaisantes.
Ainsi, ils affirment qu’il suffit de 3 terawatts produit par des parcs éoliens et de 79 terawatts produits par des parcs de panneaux photovoltaïques pour produire de l’électricité pour le monde entier. À noter que ces installations ne seraient pas sans conséquences puisqu’il faudrait ainsi coloniser environ 20% de la surface du Sahara pour les mettre en place. Par ailleurs, produire plus que 80 terawatts d’énergie solaire ou éolienne équivaut à environ 80 fois ce qui existe aujourd’hui.
Même si les investissements dans les énergies vertes se développent énormément, à l’instar des projets éoliens ou photovoltaïques en France, les les coûts associés à ce projet de « super désert » seraient gigantesques. Mais sur le papier, cela prouve qu’il est théoriquement possible – en concentrant les efforts sur ces énergies – de pouvoir électrifier le monde de manière propre. Sans compter sur un autre aspect inattendu de cette étude : l’impact de ces énergies renouvelables sur le climat.
Les éoliennes et panneaux solaires pourraient faire pleuvoir davantage
C’est un aspect auquel on ne pense pas souvent lorsqu’on parle d’énergies renouvelables, mais elles ont pourtant un impact sur le climat. Les éoliennes brassent de l’air et lorsqu’elles brassent de l’air chaud – comme dans le désert – elles font circuler cet air vers des zones de basse pression. Cela favorise la condensation et donc transforme l’air chaud en pluie.
De la même manière, les panneaux photovoltaïques ne réfléchissent pas la lumière comme le sable. Cela augmente donc la température au sol. Il y a également un phénomène de condensation qui aboutit – in fine – à davantage de précipitations. D’après les auteurs de l’étude, la modélisation concernant l’installation de parcs éoliens et solaires sur 20% du Sahara permettrait donc d’augmenter significativement les pluies dans cette région du monde.
Ils estiment que cela pourrait permettre à la couverture végétale du Sahara de s’accroître de 20%. Ainsi les populations locales pourraient notamment élever davantage de bétail où augmenter leurs capacités agricoles. Produire de l’électricité pour le monde entier tout en permettant aux habitants du Sahara de sortir de la faim et la pauvreté ? C’est en somme la belle promesse de cette publication. Reste qu’il nous faudrait accélérer dans un domaine pour rendre cette vision réelle : le stockage de l’électricité.