En 2018, la France recensait 6 800 sites et sols pollués en raison d’activités et de facteurs liés à l’agriculture, l’industrie, ou encore à la réutilisation de déchets. Des zones polluées qui représentent une vraie cause d’inquiétude puisque les principaux contaminants qu’on y retrouve sont les hydrocarbures et les métaux lourds, potentiellement dangereux pour la santé humaine.
En parallèle, ces zones sont aujourd’hui intéressantes pour lutter contre l’artificialisation des sols puisqu’on pourrait, à condition de les dépolluer, les réhabiliter et leur donner de nouvelles fonctions sans rogner sur les terres agricoles. Néanmoins, la dépollution des friches et des sols pollués n’est pas une mince affaire : cela implique aujourd’hui des coûts importants et des processus très compliqués.
Cependant, des initiatives émergent sur ce sujet. C’est notamment ce que propose l’entreprise Englobe, qui s’est implantée en France afin de proposer des solutions de traitement des sols et des nappes polluées.
Des déchets traités grâce à la biodégradation
Englobe met en place des traitements applicables directement sur des terres impactées, ou bien s’occupe du traitement de matériaux issus des terres polluées en les transportant sur ses propres sites, dans des centres dédiés. Son directeur général, Franck Bourget, nous explique ainsi que « la spécificité d’Englobe, c’est sa capacité à traiter les sols pour les ramener à des critères de réutilisation et à refabriquer des terres pour les mettre dans les champs, plutôt que d’aller disposer des terres polluées dans des décharges, ce qui aujourd’hui n’est plus dans l’air du temps ».
Les laboratoires d’Englobe traitent ainsi chaque année plusieurs tonnes de déchets, qui auparavant allaient directement à l’enfouissement. Et elle leur trouve de nouveaux débouchés. Dans le cadre des déchets de béton, par exemple, l’entreprise procède à des tris sur place, puis transporte les déchets vers des installations de recyclage qui les transforment en granulats calibrés destinés à être réutilisés, notamment, dans la construction de routes.
L’objectif d’Englobe est d’être capable de redonner de la valeur à ces matériaux, de leur redonner une seconde vie, de les ramener aux critères de l’inerte, c’est-à-dire d’éradiquer toute dangerosité qu’ils auraient pu représenter pour les populations.
Implantée originellement au Canada, présente également aux États-Unis, en France, ou encore au Royaume-Uni, l’entreprise cherche à étendre son savoir-faire, basé sur la technique de la biodégradation : c’est-à-dire la dégradation moléculaire de polluants grâce à l’action de micro-organismes comme les bactéries, les champignons ou les algues.
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Une dépollution proposée aux promoteurs, industriels et collectivités
Les clients d’Englobe sont avant tout des promoteurs et des acteurs de la construction, dont les projets d’aménagement nécessitent de traiter les déblais en raison d’anciennes activités, notamment industrielles. « Nos autres clients sont les industriels dans le domaine de la chimie et de la pétrochimie, qui génèrent des impacts sur le sous-sol. Ils nous sollicitent pour procéder à des opérations de dépollution des sols et des nappes« , précise Franck Bourget. Les collectivités peuvent également faire appel à l’entreprise, en particulier lorsqu’elles acquièrent d’anciennes friches industrielles qui nécessitent d’être réhabilitées et dépolluées à des fins de réaménagement.
Le plus souvent, l’entreprise fait face à des pollutions aux hydrocarbures, et doit traiter des remblais jusqu’à 3 ou 4 mètres de profondeur. Créée il y a 60 ans et implantée en France depuis 1996, Englobe a souhaité privilégier la revalorisation des métaux dépollués grâce à la biodégradation à grande échelle, plutôt que d’aller emprunter des terres dans des champs.
« Le principe d’Englobe est d’essayer de traiter tout ce qui est traitable, autant que possible, à des coûts qui restent raisonnables. Le traitement par biodégradation répond très bien à ça : il y a des performances intéressantes sur l’hydrocarbure, qui représentent 80 à 90% des pollutions, et même sur d’autres pollueurs, c’est pour cela que ce traitement s’est bien développé« , explique le Directeur Général de l’entreprise.
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Vers un traitement des plantes invasives ?
« Nos clients établissent des cahiers des charges avec des objectifs de traitements atteints, ou un devenir de site souhaité. Ils nous font part de leurs contraintes en termes de temps, car cela peut-être long, plusieurs années parfois. Ils nous font aussi part de leurs contraintes en termes de surface disponible, et leurs contraintes en termes de budget. Cela nous permet de cibler les zones prioritaires, ou les composés prioritaires à traiter » ajoute Franck Bourget.
À l’heure actuelle, 2,7 millions de tonnes métriques de matières sont détournées de l’enfouissement chaque année par Englobe. L’entreprise permet aussi de décontaminer 50 000 mètres cubes d’eau par an, et de produire 175 000 tonnes métriques de compost chaque année. Actuellement, le groupe compte environ 2 800 membres, dont 90 en France, avec des sites présents en région parisienne, en Normandie, près de Charleville-Mézières ou encore à Rennes.
À l’avenir, l’entreprise souhaite également s’occuper du traitement des plantes invasives, considérées comme des polluants émergents, qui phagocytent l’écosystème en prenant le dessus sur d’autres espèces végétales. Pour cela, Englobe a pour objectif de recourir également à la biodégradation, et travaille actuellement à faire accepter cette solution afin d’entériner un permis.