Les activités des chantiers du bâtiment et des travaux publics (BTP) émettent de nombreux polluants dans l’air. D’après l’ADEME, les activités du BTP contribuent en France à presque 5% des émissions de particules fines et 10% des émissions de COV (composés organiques volatiles). Une autre réalité se cache derrière le BTP, ce sont les émissions de CO2 extrêmement élevées qu’elles génèrent. Notamment à cause du béton.

C’est pour proposer une alternative au béton que Mathieu Neuville a co-fondé Materr’UP. La jeune entreprise française propose une solution qui permettrait de réduire de 70% à 80% les émissions de CO2 par rapport au béton classique. Un matériau d’avenir pour le développement des villes durables.

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Les 3 fondateurs de la start-up Materr’UP


Le béton est responsable de 8% des émissions de CO2 dans le monde

Le béton est très polluant en raison de deux matériaux qui rentrent dans sa composition. Le premier, c’est le sable. Le sable est la deuxième ressource la plus consommée au monde après l’eau, et devant le pétrole. Il faut par exemple extraire 30 000 tonnes de sable pour la construction d’un seul kilomètre d’autoroute. Ainsi, 15 milliards de tonnes de sable sont extraites chaque année dans le monde avec des conséquences terribles pour l’environnement. En effet, les principales mines de sable sont épuisées aujourd’hui et les industriels du secteur se tournent principalement vers les rivières et les fonds marins. Et tout indique qu’une crise mondiale du sable pourrait avoir lieu dans les prochaines années.

L’autre point noir du béton, c’est le ciment. La fabrication du ciment s’obtient par la transformation du calcaire et de l’argile dans des fours capable de monter à environ 2 000°C. Ce qui est rendu possible grâce à la combustion d’énergies fossiles qui entrainent un rejet important de CO2 dans l’atmosphère.

Le béton est cependant omniprésent dans toutes nos constructions et l’augmentation de la population ainsi que la croissance exponentielle des villes ne laisse pas présager d’un recul des constructions bétonnées dans les années à venir. Il serait responsable aujourd’hui d’environ 8% des émissions de CO2 dans le monde. D’où l’importance de trouver des alternatives pour une construction durable. C’est là qu’entrent en jeu les fondateurs de Materr’UP avec leur solution qui vient remplacer le ciment grâce à un liant breveté et le réutilisation des terres de chantiers. Ce « ciment vert » ne résout pas la question du sable, mais il s’agit d’une véritable alternative pour limiter la pollution inhérente au secteur du BTP.

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Une alternative au ciment grâce à de l’argile

Ce que propose cette Materr’UP, c’est une technologie brevetée appelée Crosslinked Clay Cement ; un liant qui lorsqu’il est mélangé à de l’argile de carrière et/ou des terres d’excavation, garantit un résultat similaire au ciment. Cette technologie permet la mise en œuvre de solutions constructives performantes, circulaires et locales.

Performantes car le béton d’argile présente des performances thermiques et hygroscopiques (évacuation de la vapeur d’eau) très intéressantes. Par ailleurs, le taux de recyclage de ce béton d’argile est nettement supérieur à celui d’un béton conventionnel. Il est intégralement recyclable sans perte de performance mécanique. Il peut s’obtenir en réutilisant des terres de chantiers et limite donc les importations. Par exemple, 40% des déblais inhérent au chantier du Grand Paris d’ici 2030 seront valorisables avec cette technologie. La solution de Materr’UP est actuellement en cours de certification et pourrait voir le jour sur nos chantiers d’ici peu.

D’autant que cette technologie s’implante comme n’importe quel ciment et ne nécessite pas d’adaptation particulière pour les professionnels du BTP. Une solution bas-carbone qui pourrait séduire de nombreux acteurs dans le futur. Et qui représentera peut-être le futur des villes durables ?

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