Lancé en juillet 2015, c’est une première étape structurante du projet « Dijon métropole intelligente et connectée » qui vient d’être franchie. Dans les faits, il s’agit de la mise en place d’un poste de commandement unique qui va rassembler et piloter ce qui était auparavant géré par 6 services différents : sécurité, police municipale, circulation, neige, supervision urbaine et le service Allo Mairie. Il permettra de gérer à distance, de coordonner et d’entretenir la plupart des équipements urbains de la métropole (feux de circulation, éclairages, vidéoprotection, services de voirie) afin de faciliter la gestion de l’espace public.
Ce projet unique en France est piloté par un groupement de grandes entreprises (Bouygues, EDF, Suez et CapGemini) qui en auront la gestion pendant 12 ans. Il va permettre de proposer de nouveaux services aux habitants de la Métropole. Il devrait également permettre de réaliser des économies significatives. Cette démarche assortie d’un investissement de 105 millions d’euros pose aussi certaines questions sur l’avenir des Smart City. Cette gestion centralisée de tous les services a t’elle vocation à devenir la norme ? Que nous dit-elle en ce qui concerne par exemple la videosurveillance où l’accès aux Data collectées ?
OnDijon : 3 objectifs pour développer le concept de Smart City
Concrètement, quels sont les objectifs de cette plateforme de pilotage pour la Smart City Dijonaise ? 3 axes majeurs en découlent. D’abord, la possibilité de réaliser d’importantes économies d’énergies, particulièrement en ce qui concerne l’éclairage public. Ensuite, améliorer la sécurité au sein de la métropole. Enfin, permettre d’améliorer considérablement le dialogue mairie-citoyens.
Un éclairage public intelligent
Le premier objectif de ce projet de Smart City, c’est la mise en place d’un éclairage LED sur 93 % des installations de la métropole. En tout, ce sont 34 000 points lumineux qui seront rénovés. À lui seul, le remplacement de l’éclairage par des LED doit générer plus de 65 % d’économies d’énergie sur 12 ans. Le poste de commandement centralisé doit aussi permettre d’améliorer la maintenance de l’éclairage public et les interventions sur la voirie. En effet, les rapports et analyses produits par la plateforme permettront d’optimiser le fonctionnement des équipements et la gestion des coûts.
Entre autres exemples, cela permettra à un éclairage de chaussée d’être réduit en fonction de la fréquence de passage des véhicules. Ou encore de moduler l’éclairage des parcs grâce à des capteurs de présence. La gestion intelligente des lampadaires urbains est un des paradigmes fort du développement des villes durables. Il est notamment porté par de nombreuses structures innovantes, à l’instar de ce que propose par exemple Lumi’in.
⏱️🚀⚡️ Après 1 an de travail, #OnDijon le projet inédit de métropole intelligente de #Dijon est prêt ! Rdv le 11 avril en #live pour le lancement avec @frebsamen @MartinBouygues @J_B_Levy @JLChaussade @JerSimeon #smartcity #opendata #collterr pic.twitter.com/uW394bFebY
— Ville de Dijon (@dijon) 8 avril 2019
Améliorer la sûreté de l’espace public
Améliorer la sécurité et développer une meilleure coordination en cas de gestion de crise. C’est le second objectif du projet OnDijon. Grâce aux outils construits notamment par Citelium et CapGemini, les agents de sûreté pourront suivre sur des écrans l’état et l’activité des équipements urbains connectés. Ils pourront aussi faciliter les interventions des secours en cas de problème. Des passants témoins d’un accident de la circulation pourront par exemple prévenir le poste de commandement via leurs smartphones.
Les agents coordonneront alors l’envoi des secours en exploitant la géolocalisation des véhicules d’intervention. Dans le même temps, les agents du PC pourront adresser un message à la personne ayant envoyé l’alerte pour l’informer de l’arrivée des secours. L’accès de ces derniers sera facilité par le pilotage des feux sur leur trajet, tandis que des informations affichées sur les panneaux municipaux informeront les automobilistes de l’accident et les inviteront à modifier leur itinéraire. Un dispositif qui nécessite en partie de renouveler 269 caméras de surveillance et de connecter 180 bâtiments.
Faciliter la transparence de l’information auprès des citoyens
Enfin, le projet OnDijon prévoit de fournir une information plus transparente auprès des citoyens. L’idée est notamment de contribuer à renouveler la démocratie participative et la gouvernance locale. Une communication en temps réel avec les services municipaux sera possible grâce à des applications citoyennes. Ils pourront transmettre des informations depuis leur smartphone (présence de détritus sur la chaussée, arbre à terre, voirie déformée, etc.) et obtenir un suivi de la prise en compte de leur signalement. Des dispositifs basés sur l’Open Data et qu’on retrouve déjà dans différentes villes françaises.
Quid de l’accès à la data et de la protection des données personnelles ?
Le chantier de métropole intelligente est fortement lié aux données numériques. C’est d’ailleurs un enjeu majeur dans la construction de ces villes où tout ou presque est connecté. La data issue de la gestion des services publics constitue un nouveau type de bien commun dont l’usage et la diffusion relèvent de l’intérêt public. Elle permet notamment aux citoyens de s’informer et de contribuer activement à la vie locale ; aux chercheurs d’alimenter leurs études et travaux ; aux développeurs web de créer des services innovants basés sur ces données et aux entreprises d’inventer des services à valeur ajoutée autour de ces données.
Cependant, la question de l’utilisation de ces données est cruciale. En effet, les projets de Smart City ont vocation à rendre les villes durables et résiliantes vis à vis du climat ainsi que d’améliorer la vie des citoyens. Mais les dispositifs de vidéosurveillance et les datas récupérées par les capteurs connectés sur le mobilier urbain peuvent être sujettes à convoitise. L’enjeu en ville, comme sur Internet, sera désormais de garantir les droits des utilisateurs et la protection des données personnelles. Afin de palier à ce sujet, la ville de Dijon a donc mis en place une gouvernance locale de la donnée, en fixant un cadre sur ces problématiques.
Reste que ce sont des entreprises et des systèmes gérés par des entreprises qui garantissent la collecte et le traitement de ces données. À ce sujet, la ville de Dijon précise qu’elle reste « propriétaire de toutes les données ainsi que du hardware ». Cependant, l’hyperviseur fourni par Capgemini ainsi que la plateforme de gestion des équipements de Citelum sont des systèmes propriétaires. La durée du contrat pose aussi certaines questions. Comment être sûr que les technologies utilisées aujourd’hui ne seront pas obsolètes demain ? Et quel est le risque pour Dijon de perdre la main sur ce que font ses prestataires ? D’autant que les entreprises du consortium choisi par Dijon réalisent pour la première fois un projet à cette échelle.
Quoiqu’il en soit, l’exemple de la Smart City Bourguignonne inspire d’autres métropoles françaises. À partir de septembre, la ville d’Angers annoncera elle-aussi un consortium d’entreprises similaire afin de construire leur projet de ville intelligente.
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