Enerbee est une start-up française fondée à Grenoble en 2014 et spécialisée dans les objets connectés. Ou plutôt dans la manière de faire fonctionner les objets connectés sans batterie. Une prouesse technologique unique au monde dont l’impact environnemental pourrait être intéressant quand on regarde la croissance du marché des objets connectés dans le monde. 


Le marché des objets connectés en plein essor 

D’après différentes analyses publiées en début d’année, le marché des objets connectés dans le monde devrait augmenter de 26,8 % en 2018 par rapport à 2017. Une hausse qui se traduirait par environ 600 millions d’appareils vendus dans le courant de l’année. Et ce n’est qu’un début. 

Les prévisions pour les quatre prochaines années sont également très optimistes. Ainsi, sur la période 2018-2022, les achats dans le secteur de l’IoT devraient augmenter en moyenne de 19% par an. D’après le cabinet IDC qui a notamment travaillé sur l’essor du marché des objets connecté, cette croissance est évidemment portée par les efforts des géants de la Tech – Google et Amazon en tête – qui n’ont jamais lésiné à investir massivement dans ces objets. En France, le marché a longtemps été très timide. La confiance dans ces objets ne prenait pas autant que dans les pays anglo-saxons. Cependant, la tendance est à la hausse. Ainsi, en 2017, le secteur a connu une croissance de 33% et un chiffre d’affaires annuel d’un peu plus d’un milliard d’euros. 

C’est avant tout dans le domaine de la maison connectée que les ventes explosent, représentant 57% des ventes globales du marché. En volume, l’année dernière, ce sont pas moins de 2,9 millions d’objets connectés dédiés à la maison qui ont été écoulés en France. Une tendance en hausse de 42% en un an. Ils sont suivis par les appareils d’électroménager. Toujours plus nombreux à être connectés, ils devraient continuer de l’être si l’on en croît les fabricants. Ainsi, le leader du marché, Samsung, a par exemple annoncé que 100% de ses appareils seront connectés d’ici 2020. 

une apple watch
L’adoption de ces appareils augmentent considérablement, notamment grâce aux campagnes marketing d’Amazon, Google et Apple.


Les objets connectés représentent un coût énergétique important

Sur ce marché en plein boom des objets connectés, la question de l’empreinte énergétique est forcément très épineuse. D’une part, la fabrication coûte. Mais ensuite, le stockage et les échanges de données entre ces objets, leurs serveurs et d’autres appareils doit être pris en compte. Et ces chiffres pourraient être étourdissants au fur et à mesure que des milliards d’objets connectés sont utilisés chaque jour. 

Par ailleurs, transmettre des données via des réseaux comme la 3G ou la 4G est très consommateur. C’est la raison pour laquelle des réseaux spécifiques comme LoRa ou Sigfox ont vu le jour. Sans être systématiquement utilisés, ils permettent cependant à des appareils de communiquer entre eux avec une consommation électrique réduite.

Enfin, pour nos objets connectés, la question de l’autonomie est centrale. Car pour que les objets puissent communiquer, il faut avant tout qu’ils disposent de l’énergie nécessaire à leur alimentation.  C’est pourquoi la plupart sont donc équipés de batteries. Une consommation d’énergie supplémentaire ainsi qu’un encombrement pour les utilisateurs. Car personne n’a envie de recharger sans cesse des objets. 

tablette suivi consommation
Transmettre des données via des réseaux comme la 3G ou la 4G est très consommateur en énergie. 


La solution d’Enerbee pour des objets autonomes en énergie

La start-up Enerbee a donc conçu et breveté un micro-générateur, capable de produire de l’énergie à partir du mouvement. Une technologie unique au monde aujourd’hui dont le fonctionnement peut faire penser à une dynamo.

Cependant l’innovation d’Enerbee consiste à pouvoir générer de l’énergie, quelle que soit la vitesse du mouvement. Et donc, dans certaines occasions, grâce à des mouvements de très faible amplitude. 

le système d'Enerbee permet de faire fonctionner des objets connectés sans batterie
Schéma du système utilisé par Enerbee – Photo : Enerbee

La première application développée par la startup est un système capable d’évaluer la qualité de l’air intérieur d’un bâtiment. Le générateur est alors actionné à l’aide d’un rotor en mouvement. La start-up utilise les flux d’air de ventilation pour l’activer. 

Après avoir déjà levé 2,5 millions d’euros en 2015, Enerbee a donc réuni il y a quelques jours 2,2 millions d’euros, auprès de ses actionnaires historiques, Demeter et 360 Capital Partners ; ainsi qu’auprès d’Asahai Kasei et de Crédit Agricole Alpes Développement. L’objectif de cette levée de fonds consiste à industrialiser son produit. Car si la solution développée par la jeune pousse grenobloise pouvait être adaptée à une nouvelle génération d’objets connectés, ce sera sans aucun doute un premier pas pour diminuer leur consommation.