Si vous l’ignoriez, sachez que 85 % des fleurs coupées achetées en France ne proviennent pas de France. Elles proviennent – 9 fois sur 10 – des Pays-Bas. Cependant nos amis Hollandais importent eux-mêmes une grande partie de ces fleurs d’Afrique et d’Amérique du Sud. En fait, c’est principalement au Kenya et en Equateur que sont produites les fleurs que nous achetons. Ainsi, couplé la pression sur le foncier et à des coûts élevés de production les exploitations horticoles françaises ont de grandes difficultés à faire face à cette concurrence étrangère.

Conséquence : le nombre de producteurs horticoles dans l’hexagone est en baisse continue. Il est passé de 6 144 en 2005 à 3 611 en 2015 (selon FranceAgrimer).Triste constat lorsqu’on sait que les français figurent parmi les plus grands consommateurs de fleurs coupées en Europe. Car non seulement nous achetons des fleurs qui ne sont pas si fraiches (en moyenne coupées 10 jours avant d’être livrées), mais en plus elles sont souvent traitées aux produits chimiques (entre 15 et 25 pesticides présents dans les fleurs de plusieurs chaines françaises).

Enfin, l’empreinte environnementale de fleurs importées du Kenya via les Pays-bas est évidemment excessive.

Bouquet de fleurs
85 % des fleurs coupées achetées en France ne proviennent pas de France.


Fleurs d’ici : le circuit-court pour sauver l’horticulture française

Mais, il y a des initiatives qui émergent petit à petit afin d’éviter que les horticulteurs français continuent de disparaitre de cette manière. Et la start-up Fleurs d’ici en fait partie. Elle a même l’ambition d’être plus qu’une solution puisque cette jeune entreprise souhaite littéralement sauver la filière horticole française

Inspiré du modèle de l’abonnement à des paniers de fruits et légumes en circuit court, Hortense Harang et Chloé Rossignol ont lancé leur start-up l’occasion de la fête des mères en 2017. Fleurs d’ici offre ainsi la possibilité, par abonnement, de recevoir chez soi des fleurs de jardin. On n’y trouve que des fleurs de saison, provenant de producteurs locaux. Les fleurs sont coupées 24h avant livraison. 

Afin de couvrir tout le territoire national, la start-up travaille avec des réseaux de fleuristes un peu partout en France. Les bouquets sont vendus à un prix le plus juste possible pour les producteurs et les consommateurs, mais jamais plus de 10% au dessus du marché. 

La vente de fleurs en circuit-court pourrait sauver l'horticulture française
Fleurs d’ici prévoit ainsi un chiffre d’affaires de 22 millions d’euros d’ici cinq ans.


Une entreprise sociale et solidaire

Cet aspect social et solidaire est omniprésent dans la stratégie des fondatrices. Elles font d’ailleurs travailler des femmes engagées dans des programmes d’insertion professionnelle grâce à la conciergerie solidaire présente sur le site des grands voisins, un lieu alternatif parisien. 

Les objectifs de Fleurs d’ici restent pour autant très ambitieux.  L’entreprise s’adresse aux particuliers mais aussi aux grands groupes. Outre le ministère de la transition écologique et solidaire, elle compte parmi ces clients des sociétés comme Orange ou Accor. Des entreprises qui souhaitent favoriser des achats responsables et le made in France. 

Au vu de ce potentiel et de la manière dont la vente de fleurs sur Internet devrait évoluer dans les prochaines années, les indicateurs sont encourageants. La jeune entreprise prévoit ainsi un chiffre d’affaires de 22 millions d’euros d’ici cinq ans. De quoi rebooster l’horticulture française ? C’est tout le mal qu’on leur souhaite. 

Lire aussi : les circuits-courts ailleurs que dans l’alimentaire