Savez-vous planter chez nous est un site crée près de Toulouse en 2011 par Chantal Perdigau, ingénieure en environnement. Le modèle s’inscrit dans une démarche de développement des jardins partagés grâce à une plateforme web. C’est une pratique inspirée de l’économie collaborative qu’on pourrait nommer « co-jardinage ».

Le site Savez-vous plantez chez nous met ainsi en relation deux types de personnes.  D’un côté, on trouve des propriétaires de jardin qui rêvent d’avoir un potager mais qui n’ont ni le temps, ni le savoir-faire ou l’énergie pour s’en occuper. De l’autre, des personnes qui aimeraient cultiver un potager mais qui n’ont pas de jardin. Les seconds sont invités à venir cultiver le terrain des premiers. Et à la fin, tout le monde se partage le fruit de la récolte. 

chantal perdigau


L’économie collaborative au service du jardinage

Aussi, le site regorge d’annonces qui pourraient surprendre. Ici, un particulier avec un immense jardin l’a divisé en six parcelles et accueille donc six potageurs. Là, on trouve une maison de retraite qui prête son jardin. Une manière de créer du lien entre générations. Le prêt de jardins amène aussi des créations diverses qui vont au-delà des simples fruits et légumes. Ce peut être par exemple l’installation de ruches, voire de poulaillers. 

En effet, une des vertus du jardinage – et des pratiques qui font l’agriculture urbaine – est de favoriser le retour de la biodiversité en ville. L’installation de ruches possède un impact direct sur la floraison des abres et des plantes. Et tout un cercle vertueux en découle. Par ailleurs, cela permet un meilleur traitement des eaux de pluies et l’accès à une alimentation fraîche et saine. En ce sens, il participe aux objectifs de développement durable. En plein essor depuis quelques années, la pratique devrait continuer de se développer dans le futur. 

Depuis sa création, Savez-vous planter chez nous a su fédérer une communauté de 22 000 utilisateurs qui se partagent environ 6 000 jardins répartis sur toute la France, mais aussi en Belgique, au Luxembourg et en Suisse. Une communauté très atypique, cependant, par rapport à ce que propose le web depuis peu. « A la différence de BlaBlaCar où les échanges sont très instantanés, nous avons des personnes sur le site qui jardinent ensemble depuis 7 ou 8 ans » précise Chantal Perdigau.

Une relation plus ancrée, plus long-termiste qui correspond aussi à cette vision sociale du jardinage qui est une des valeurs fondamentales de la structure. 

les jardins partagés sont un exemple de l'agriculture urbaine
Les jardins partagés sont en plein essor en France, ici à Nantes sur les bords de Loire.  


Le co-jardinage, un accélérateur de lien social 

Car s’il y a bien un élément parfois sous-estimé lorsqu’on évoque l’agriculture urbaine ou le jardinage, c’est l’impact social de ces pratiques. Le fait de remuer la terre avec ou chez quelqu’un d’autre est un vecteur de partage et de solidarité qui a peu d’équivalence. 

Aussi, Savez-vous planter chez nous n’est pas seulement un site de petites annonces qui permet de faire entretenir son jardin gratuitement par le voisin sympa du bout de la rue. C’est un concept qui va au delà et qui apporte beaucoup. D’un point de vue social, il favorise notamment les échanges multi-culturels et inter-générationels.

A l’instar des Fab-lab, il amène une transmission de savoirs qui peuvent aller de la simple initiation au jardinage (eh oui, regardez comme ce n’est finalement pas si compliqué!) jusqu’au partage de techniques ou connaissances issues d’autres régions ou d’autres époques. Il permet également de lutter contre l’isolement de certaines personnes âgées. Par ailleurs, le partage des récoltes, fruits et légumes, favorise aussi les échanges sur le plan culinaire. Partager des idées de plats, voire partager des plats issus des récoltes. Créer des moments de convivialité autour d’un simple carré de terre cultivé. 

homme s'occupant d'un potager en ville
Les jardins partagés : un exemple d’agriculture urbaine – photo : Guillaume Joly

C’est dans cet esprit de partage que le site permet également de troquer ses graines, ses plants et ses boutures. Ici aussi, le fait d’obtenir des variétés qui parfois proviennent de l’autre bout du pays va favoriser l’échange et la curiosité de ce qui se fait ailleurs. 

Grâce à un blog et à la présence sur le site de professionnels, un aspect conseil s’ajoute également aux activités de Savez-vous planter chez nous, tout comme une boutique qui vient de voir le jour récemment sur le site. La plateforme de cojardinage est en route. Sans rêver d’un destin à la BlaBlaCar, on lui souhaite néanmoins une trajectoire aussi enrichissante que ce qu’elle offre à ces utilisateurs. 

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