Ce mardi 23 janvier, le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, a annoncé son intention de faire de « 2024 l’année de l’adaptation », en présentant des pistes pour adapter la France à un réchauffement climatique de +4°C. Une annonce qui fait écho à la publication d’une nouvelle étude dans la revue Nature, qui vient confirmer les conséquences financières potentielles du réchauffement climatique sur nos économies.
Cette fois-ci, c’est le coût lié à l’élévation du niveau de la mer qui a été mis en évidence par une équipe de chercheurs de l’Université technique de Delft (Pays-Bas). Ces derniers ont étudié le pire des scénarios climatiques, c’est-à-dire un réchauffement à +5°C et une montée des eaux à +1,7 mètre d’ici à 2100.
Un scénario catastrophe qui pourrait coûter cher à de nombreuses régions du globe. En Europe, d’après leurs modélisations, les dommages causés par la hausse du niveau de la mer pourraient coûter à l’Union européenne et au Royaume-Uni jusqu’à 872 milliards d’euros. L’Italie, la Pologne, le Danemark ou encore la France figurent parmi les pays les plus touchés.
Concrètement, les chercheurs ont étudié les impacts économiques potentiels de ce scénarion pour 271 régions européennes (classification européenne « Nuts 2 », soit la « nomenclature des unités territoriales statistiques » d’Eurostat). Ce sont évidemment les régions côtières qui sont les plus impactées, avec néanmoins des disparités au sein même des pays. En France, les régions Hauts-de-France, Pays-de-Loire et Nouvelle-Aquitaine seraient les plus touchées. Elles pourraient voir leur PIB chuter de 10%. Dans certaines régions côtières, comme dans la région de Venise en Italie, les pertes pourraient aller jusqu’à 21% du PIB.
Sensibiliser les pouvoirs publics à l’adaptation
L’étude souligne aussi le gain que feraient certaines régions situées dans les terres. Gains estimés par une hausse modeste du PIB, d’environ 1%, qui s’explique par la délocalisation de certaines industries loin des côtes.
Evidemment, les chercheurs soulignent bien que ces pertes économiques pourraient être évitées et qu’elles n’auront lieu que si aucun investissement n’est fait pour contrer les effets de cette hausse du niveau de l’eau. Leur objectif est avant tout d’alerter sur les disparités entre région et permettre aux pouvoirs publics de s’adapter dès aujourd’hui à ce risque. « Nos résultats soulignent la nécessité de mettre en place des politiques économiques spécifiques à chaque région, afin de remédier aux effets inégaux du niveau de la mer sur les différentes régions et leurs économies » expliquent ainsi les auteurs de l’étude.
En France, le coût annuel moyen des dommages causés par les inondations (et assurés au titre du régime Catastrophes Naturelles) s’élève à 520 millions d’euros mais le réchauffement climatique augmente la fréquence et l’intensité des épisodes climatiques extrêmes, ce qui pourrait augmenter significativement ces coûts à l’avenir. Très récemment, la Caisse centrale de réassurance (CCR) a ainsi réévalué à 640 millions d’euros le coût des inondations de novembre et janvier dans les Hauts-de-France.