Sandrine Dancette a fondé Coeur d’abeille en 2016. Cette jeune entreprise conçoit des bougies naturelles et bio afin de répondre au défi qu’est la sauvegarde de l’environnement et le développement durable. Il s’agit d’un projet qui s’inscrit dans une démarche R&D centrée sur la (re)découverte des produits naturels et de leur utilisation.
Elle se focalise en grande partie sur le pouvoir de certaines plantes et de la manière dont elles peuvent remplacer dans l’industrie des produits chimiques ou polluants. Car aujourd’hui, les procédés utilisés par Coeur d’Abeille pour ses bougies pourraient intéresser le monde des cosmétiques.
Les bougies d’intérieur, un marché désastreux pour l’environnement
Coeur d’Abeille est né d’un constat simple et alarmant : la majorité des bougies que nous achetons sont fabriquées avec de la paraffine. Il s’agit d’un dérivé du pétrole. Et quand ça n’est pas de la paraffine, les bougies sont en stéarine d’huile de palme, d’huile de colza ou de soja. Ainsi, pour nous éclairer, le choix se porte entre l’exploitation pétrolière ou la déforestation.
C’est sans compter sur les colorants chimiques qui sont ajoutés à ces bougies. La plupart contiennent des pigments chimiques de synthèse ou minéraux qui rentrent dans la composition des couleurs (ocre, cobalt, oxyde de fer, hématite…). Or, ces produits sont décriés pour des raisons environnementales (surexploitation des mines, non-respect de l’environnement, pollution) mais aussi sociales (conditions humaines).
Une raison qui explique que vous trouverez très rarement la composition complète des bougies que vous achetez. Pourtant, nous n’avons pas attendu la prolifération des champs de pétrole pour fabriquer de quoi nous éclairer. Ce qui signifie qu’auparavant, elles aient été conçues dans des matériaux plus naturels et sans doute moins polluants. Il n’en fallait pas plus à Sandrine Dancette pour se lancer dans l’aventure avec le projet Coeur d’Abeille. Où comment fabriquer des bougies à l’aide de produits bio et de colorants naturels qui auraient la même faculté de brûler que leurs consoeurs industrielles.
Relancer une filière horticole française
La démarche, qui s’inscrit dans une logique de low-tech, ne consiste pas à faire appel à des innovations technologiques incroyables. Ici, il est davantage question de se replonger dans le passé. Quels produits permettaient de fabriquer les bougies autrefois ? Concernant la cire, le choix de la cire d’abeille s’est imposé naturellement. D’autant qu’il est prouvé que les abeilles domestiques sont en meilleure santé lorsque les cires à l’intérieur de la ruche sont renouvelées.
« A une cire d’abeille dont le parfum est déjà délicieux, nous ajoutons des ingrédients issus de l’agriculture biologique: des beurres (Cacao Bio, noix de coco bio), de la poudre de vanille Biologique, des pigments végétaux, et des Huiles essentielles Bio »
Cependant, comment travailler sur des colorants naturels ? C’est là le plus beau du projet Coeur d’abeille. Car il a fallu pour cela se replonger dans les écrits anciens. Eplucher le travail de botanistes et se rapprocher d’un savoir-faire horticole parfois oublié. Saviez-vous par exemple que les égyptiens utilisaient des fleurs d’orcanette comme colorant ? Maintenant oui, et voila qui fera l’affaire pour Coeur d’Abeille. Entre autres.
La jeune start-up souhaite ainsi relancer toute une filière de plantes tinctoriales en France. Pour cela, elle décide donc de travailler main dans la main avec des acteurs majeurs sur ces sujets. L’entreprise se rapproche notamment de parcs naturels français, de l’ONF, de botanistes et du CNRS. L’objectif est de relancer en France la production de plantes biologiques, certes, mais dans une démarche environnementale locale et cadrée. Un leitmotiv de cette entreprise qui fait partie du collectif i4animal, un réseau de start-up à impact positif sur la biodiversité.
Ramener des produits naturels, du parfum d’intérieur jusqu’aux cosmétiques
Aujourd’hui, Coeur d’abeille emploie 4 personnes. Crée en 2016, l’entreprise commercialise a l’heure actuelle ses bougies dans un peu plus de 300 points de vente du réseau Bio.
Quels sont les projets pour la suite ? Ils sont nombreux et ambitieux. Mais tous abordables. D’abord, il y a une phase de recherche d’investisseurs afin de développer la R&D. Le nerf de la guerre. Car les innovations de Coeur d’abeille pourraient être utilisées par d’autres industries. C’est notamment le cas de la filière des produits cosmétiques. Très attentive au développement durable, Coeur d’abeille souhaite collaborer avec ces marques afin de leur fournir des pigments végétaux naturels à encapsuler directement dans leurs produits. À l’instar d’autres jeunes entreprises engagées dans le domaine des cosmétiques bio, comme par exemple la marque CoZie.
Entre outre, la jeune entreprise souhaite également diversifier ses produits et concevoir – en plus des bougies – des parfums d’intérieurs et des répulsifs à insectes. Un marché prometteur d’autant que ces produits ont aujourd’hui un impact négatif sur la qualité de l’air intérieur. Elle a crée pour cela une seconde structure – Eleplant – afin de favoriser le développement de cette filière de produits naturels et bons pour la planète.
Une initiative inspirante à laquelle on souhaite beaucoup de réussite.