En 2022, les catastrophes naturelles ont entraîné des pertes économiques de l’ordre de 275 milliards de dollars à travers le monde, dont 125 milliards de dollars de pertes couvertes par l’assurance, d’après les chiffres de Swiss Re. C’est la deuxième année consécutive que les catastrophes naturelles à travers le monde dépassent ce seuil des 100 milliards de dollars de pertes assurées. Un fait notable car, si ce seuil symbolique a été dépassé à 5 reprises depuis l’an 2000, c’est la première fois que cela se produit deux années de suite.

En 2021, les pertes économiques liées aux catastrophes naturelles avaient été de 250 milliards de dollars, en augmentation de 24% par rapport à 2020. Cette année, la hausse est plus faible, mais s’inscrit « dans la continuité d’une croissance des pertes de 5% à 7% par an » » précise Martin Bertogg, Responsable des catastrophes naturelles chez Swiss Re.

Dans le détail, les pertes assurées ont été largement causées par l’ouragan Ian, qui a touché les côtes de la Floride au mois de Septembre. Avec des pertes assurées d’environ 65 milliards de dollars, il s’agit de l’événement le plus coûteux de l’année. À côté de l’Ouragan Ian, les tempêtes de grêle en France ; les inondations en Australie et en Afrique du Sud ; les tempêtes hivernales en Europe et aux États-Unis ainsi que les sécheresses en Europe, en Chine et dans les Amériques ont particulièrement marqué cette année 2022.

Les tempêtes Eunice, Dudley et Franklin qui ont eu lieu dans le nord-ouest de l’Europe en Février 2022 a déclenché des pertes assurées combinées de plus de 4 milliards de dollars. Les tempêtes de grêle en France ont causé des pertes estimées à 5 milliards de dollars. Les inondations dans l’est de l’Australie en février-mars 2022 ont entraîné des pertes assurées de 4,3 milliards. Au Brésil, les rendements des cultures, en particulier le soja et le maïs, ont le plus souffert, entraînant des pertes assurées de 1 milliard de dollars.

« L’année 2022 a également été marquée en France par une vague de chaleur record durant l’été entraînant des pertes assurées liées aux sécheresses » ajoute Walter Eraud, directeur général de Swiss Re France, qui n’est pas enthousiaste vis-à-vis de l’année 2023 étant donnée que « l’hiver 2023 devrait s’inscrire parmi les hivers les moins arrosés des 63 dernières années ».

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Des signaux à ne pas prendre à la légère

Globalement, le coût annuel moyen des catastrophes naturelles à plus que doublé depuis l’an 2000 pour s’établir à un peu plus de 80 milliards d’euros de pertes assurées par an. Depuis l’an 2000, le nombre de catastrophes naturelles liées aux inondations a augmenté de 134% et le nombre de sécheresses de 29%. Qui a lu les rapports du Giec sait que ces aléas climatiques extrêmes sont amenés à croître en fréquence et en intensité, entraînant chaque année des pertes plus importantes aux compagnies d’assurance et de réassurance.

En 2021, les inondations ont coûté 40 milliards d’euros à l’économie allemande. Mais un rapport récent explique que, sans mesure d’adaptation, le coût des dommages causés par le changement climatique pourrait atteindre 280 à 900 milliards en 2050 chez nos voisins germaniques.

Il s’agit là de signaux à ne pas prendre à la légère concernant le poids économique de l’inaction climatique et de la mal-adaptation au changement climatique. À noter que ces catastrophes naturelles impliquent également des coûts cachés en matière de santé. Une récente étude réalisée en Australie sur les traumatismes liés aux catastrophes naturelles est édifiante : sur 2 000 participants, 80% ont été directement touchés par une catastrophe climatique et la moitié d’entre-eux dit souffrir de troubles de la santé mentale (anxiété, dépression). Le Giec ne dit pas l’inverse dans son dernier rapport, les scientifiques expliquent qu’entre 20 et 30% des survivants d’ouragans ou d’inondations développent un stress post-traumatique dans les mois qui suivent.

Enfin, derrière le coût des catastrophes naturelles, il existe aussi des risques industriels importants pour nos économies. On sait, par exemple, qu’il existe 316 sites industriels de type Seveso, en France, qui sont particulièrement exposés au risque d’incendie en raison de leur proximité avec une forêt. Une récente étude réalisée par Axa Climate vient également nous éclairer sur l’impact du changement climatique sur la production de fruits où l’on apprend que les zones de production situées en risque climatique « élevé à extrême » vont voir leur superficie doubler d’ici 2030.

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