Alors que la pollution liée au numérique est aujourd’hui responsable de 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, la France peut se féliciter d’être un pays leader en matière de numérique responsable. D’une part car notre électricité bas-carbone limite une partie de l’empreinte environnementale liée à nos usages, mais aussi parce que nous possédons un ensemble d’acteurs historiquement engagés sur ces sujets, à l’instar de greenIT, de l’association HOP ou, plus récemment, du Shift Project.

Parmi ces acteurs, l’INR (Institut du Numérique Responsable) est un think-tank crée en 2018 pour porter auprès du plus grand nombre une vision plus large du numérique qui englobe les préoccupations environnementales mais aussi les problématiques sociales et solidaires nécessaires à la transformation de nos sociétés.


Le numérique responsable comme levier de la transformation de nos sociétés

« L’aventure a commencé en 2014 autour d’un collectif d’une vingtaine de grandes entreprises réunies sous la bannière du Club Green IT afin de travailler sur l’empreinte environnementale du numérique » précise Rémy Marrone, directeur de projets pour l’INR. « Mais on s’est rendu compte que le numérique responsable, ça n’est pas juste l’empreinte environnementale et qu’il est nécessaire de s’intéresser également aux dimensions qui vont toucher les problématiques d’inclusion, de réduction de la fracture numérique, ainsi que les problématiques d’éthique. Notre ambition, c’est de porter une vision du numérique qui n’oublie personne ».

En ce sens, l’INR porte donc une vision qui vise à construire des outils numériques qui respectent l’environnement, mais aussi l’utilisateur. Pour cela, ses travaux concernent des sujets comme l’accessibilité des services pour les personnes en situation de handicap ; l’utilisation des données personnelles et leur impact sur les business modèles des acteurs du numérique : ou encore la question de l’IA responsable et l’accès au numérique des populations défavorisées.

L’ambition de l’INR est de porter une vision du numérique qui n’oublie personne

Pour cela, ce qui était encore un club de grandes entreprises devient, en 2018, un think-tank, dans une forme associative, afin de s’adresser au plus grand nombre en intégrant aussi d’autres acteurs comme des ONG (Fing, HOP, WWF) des PME-TPE et des membres individuels. « On reste toujours sur 30% de grandes entreprises membres, mais on va plus loin désormais, avec aussi des écoles et universités ou encore des collectivités locales qui souhaitent s’engager dans la démarche du numérique responsable. »


Promouvoir un numérique pour toutes et tous

L’INR continue donc d’intervenir sur des sujets liés à la sobriété numérique, à savoir l’éco-conception des matériels et des services, le réemploi et recyclage, les économies d’énergie et la frugalité des usages, mais sans oublier de mêler cela à des préoccupations sociales plus large.

À titre d’exemple, l’Institut à lancé le projet Reeeboot : un programme pour aider les associations porteuses de projets œuvrant contre la fracture sociale et favorisant le retour à l’emploi, à bénéficier des équipements informatiques nécessaires. « C’est un projet qui consiste à travailler à la fois sur l’économie circulaire et sur l’inclusion, en mobilisant des entreprises qui peuvent fournir du matériel informatique reconditionné pour des associations qui oeuvrent à la réduction de la fracture numérique » explique Rémy Marrone.

Durant la période de confinement, l’INR s’est également associé à une opération avec l’ONG Break Poverty pour récolter des fonds et trouver du matériel (12 000 ordinateurs) qui puissent être remis à des enfants défavorisés qui n’avaient pas le matériel adéquat pour suivre leurs cours à distance.


Une charte et un label pour les entreprises

Dans les outils de l’INR, on peut également retrouver la Charte Numérique Responsable et le Label Numérique Responsable. « La charte est un premier pas pour des organisations qui ont pris conscience des problématiques liées au numérique, et qui ont envie de s’engager dans cette démarche » précise Rémy Marrone. Lancée en juin 2019, il y a tout juste un an, le réseau des signataires de la Charte comprend aujourd’hui une cinquantaine de membres.

Derrière, le Label Numérique Responsable (soutenu par le Ministère de la Transition Écologique et Solidaire) permet aux organisations qui veulent aller plus loin de s’engager dans un processus plus complet, avec un certain nombre de certifications et d’étapes à passer. Il permet de définir une stratégie complète de numérique responsable, diffusée à l’ensemble d’une organisation, pour professionnaliser la démarche.

Ces démarches et projets s’inscrivent également dans une philosophie collective et inclusive chère à l’association. « L’ambition de l’INR c’est de faire émerger ces sujets à travers un collectif » conclut Rémy Marrone « et de faire en sorte que le sujet du numérique responsable puisse dépasser des interêts privés, afin d’en faire un véritable levier de la transformation de notre société ».