Le climat fait migrer les animaux
Il est facile de mesurer l’impact du réchauffement climatique sur les espèces animales. Par exemple, une étude réalisée récemment par Le Figaro démontre que les cigognes n’ont plus besoin de migrer jusqu’en Afrique pour trouver de la chaleur. Elles s’arrêtent désormais au sud de l’Europe, et notamment au Portugal. Ainsi, ce pays qui ne comptait que 1 195 cigognes sur son territoire il y a 20 ans, en compte désormais 14 000 durant l’hiver.
Ce qui est moins visible, en revanche, c’est l’impact de la hausse des températures sur les végétaux. Et surtout leur manière de s’y adapter.
En effet, outre l’exemple des cigognes, il est facile de mesurer les déplacements des oiseaux, ou papillons. Il est ainsi avéré que les territoires de ces animaux se situent désormais plus au nord. Certainement car ils sont en recherche de températures plus douces. Par ailleurs, des études scientifiques montrent qu’en moyenne les espèces animales terrestres migrent également vers le nord d’environ 17 kilomètres par décennie.
Les plantes et les arbres se déplacent également
Qu’en est il pour les arbres et les plantes ? Eh bien comme leurs homologues à pattes, à nageoires ou à ailes, il s’avère que les végétaux aussi se déplacent afin de survivre à la hausse du thermomètre.
C’est en tout cas ce que suggère une étude parue début avril dans la revue Nature par une cinquantaine de chercheurs européens. Après avoir compilé les données disponibles sur le nombre de plantes recensées sur quelques 300 sommets de différentes régions montagneuses d’Europe (Alpes, Carpates, Ecosse, Pyrénées, Scandinavie, Svalbard), ils ont découvert que ces montagnes se sont enrichies de nouvelles espèces.
En moyenne, sur la décennie 1957-1966, les domaines d’altitude ont accueilli un peu plus d’une espèce végétale supplémentaire. 50 ans plus tard, sur la période 2007-2016, le gain a été de 5,4 espèces. Ainsi, alors que les températures augmentent au pied des montagnes, 5 fois plus de fleurs et de plantes se hissent en altitude afin de conserver les températures qui correspondent le mieux à leur développement, reproduction et survie.
De la même manière, une étude réalisée aux États-Unis montre que les arbres ont également entamé des mouvements migratoires ces dernières années. A l’aide de données recueillies par le Programme d’analyse et d’inventaire forestier du Service forestier des États-Unis pendant deux périodes : de 1980 à 1995 et de 2013 à 2015 pour les cinquante États, ils ont découverts que 34 % des espèces s’étaient déplacées vers le Nord à un taux moyen de onze kilomètres par décennie. Presque comme les animaux terrestres. Mais ils ont également constaté que 47 % des espèces s’étaient déplacés vers l’Ouest à un rythme de 15,4 kilomètres par décennie. Pourquoi l’Ouest et pas le Nord ? il s’agirait d’une question de précipitation. Les arbres auraient ainsi tendance à migrer en fonction de l’évolution des zones de pluie.
Des migrations qui sonnent comme une « dette d’extinction »
Reste que ces déplacements ne sont pas – comme on pourrait le penser – de réelles bonnes nouvelles. Notamment en ce qui concerne les plantes qui prennent de l’altitude. En effet, en colonisant les sommets, les nouvelles espèces pourraient accélérer l’extinction des espèces endémiques des montagnes.
Et par ailleurs, cela renforce ce que les scientifiques appellent la « dette d’extinction ». En effet, en allant chercher les sommets, ces plantes entament ce qu’on peut appeler un dernier baroud d’honneur. L’altitude serait ainsi leur dernier refuge et si les températures continuent d’augmenter, toute cette flore disparaîtra à son tour.