C’est quoi le C40 ?
Le C40 ou « Cities Climate Leadership Group » est une organisation regroupant aujourd’hui 94 métropoles. Créée en 2005 par l’ancien Maire de Londres Ken Livingston, son objectif est de fédérer les initiatives mises en place par les collectivités locales afin de lutter contre le réchauffement climatique. Acteur majeur du développement des villes durables, le C40 compte mettre en place des programmes qui permettront de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) et de limiter les risques climatiques.
Le C40 est présidé depuis 2016 par la Maire de Paris, Madame Hidalgo. Michael Bloomberg (ancien maire de New-York) assure au C40 un soutien financier au travers de la fondation Bloomberg Philanthropies, aux côté d’autres financeurs comme le CIFF (Children’s Investment Fund Fondation), le Ministère des Affaires Etrangères du Danemark ou encore celui de l’Environnement et de la Sureté nucléaire d’Allemagne Fédérale.
Et pour aller plus loin
“Now is the time to act”. C’est ainsi que le site officiel du C40 affirme ses engagements afin de souligner l’urgence qu’il y a à réduire les émissions de GES dans les villes. Pour cela l’organisation s’appuie sur un vaste réseau.
Le C40 compte en effet 94 villes membres. On en compte 12 en Afrique, 12 en Chine, 12 dans le reste de l’Asie Pacifique (Australie et Nouvelle-Zélande incluses), 18 en Europe (incluant Tel-Aviv-Jaffa), 12 en Amérique Latine, 15 en Amérique du Nord, et enfin 9 au Proche et Moyen Orient. Il manque à l’appel Moscou, temporairement inactive au sein du C40 dont elle est pourtant membre.
Cet ensemble d’aires urbaines regroupe 650 millions d’habitants (1 habitant sur 12 dans le monde) et pèse pour 25% du PIB mondial.
The C40 mayors represent 650 million citizens – 25% of total world GDP – all of them opting for a healthier and safer world. #C40Talks
— Anne Hidalgo (@Anne_Hidalgo) September 18, 2017
Rôle et enjeux du C40
« Le C40 est un réseau mondial de grandes villes qui vise à développer et mettre en place des mesures politiques et des programmes (de réhabilitation) afin d’aboutir à des réductions notables du gaz à effet de serre et des risques climatiques». Cette structure de poids agit à deux niveaux : avoir un impact auprès des Etats ; favoriser et diffuser les initiatives et bonnes pratiques au niveau des villes.
Ainsi, le C40 souhaite jouer le rôle d’un “G20 des villes” auprès des gouvernants afin d’accélérer la transition écologique et la décarbonation des villes, et ce y compris auprès des chefs d’Etat climato-sceptiques. Toute la réflexion du C40 s’inscrit dans le cadre de l’Accord de Paris (voté en 2016 par 195 des 197 Etats membres de l’ONU) qui a validé un accord mondial sur le changement climatique.
Elle met également en avant les bonnes pratiques au niveau des villes afin d’accélérer la transition vers des villes durables. Ce partage de connaissances est essentiel pour tenter de généraliser les bonnes initiatives. Par exemple, la ville de San Francisco composte et recycle 77% de ses déchets et vise le zéro déchet d’ici 2020. Ce qui constituerait une prouesse pour une agglomération de près de 5 millions d’habitants.
Entre autres, on peut citer les exemples de Londres, qui a réussi à imposer un péage urbain interdisant l’accès à son centre ville à plus de 70 000 véhicules par jour. Ce qui a permis une réduction de 15% des particules carbonées depuis 2003 dans la capitale anglaise. Ou encore Addis-Abeba en Ethiopie qui transforme à marche forcée ses bidonvilles en quartiers vertueux pour le plus grand bénéfice de ses citoyens.
Le C40 est aussi un forum permanent pour échanger et partager les bonnes pratiques afin de construire des espaces urbains agréables à vivre, résilients et à basse émission de carbone. Ainsi les villes agissent pour que tout nouveau bâtiment construit s’approche de l’objectif zéro carbone et que les bâtiments existants, qui représentent plus de 50% des émissions actuelles des villes du C40, bénéficient d’importantes mesures de rénovation énergétique. Assurant par là-même leur transition écologique.
Le C40, un contre-pouvoir vis à vis des états ?
Le prochain rendez-vous du C40, à Copenhague en octobre 2019, sera également l’occasion pour sa présidente, Madame Hidalgo, de faire le point sur les travaux de Justice4Climate, qui apporte désormais aux villes du C40 une assistance juridique par le biais d’une plateforme d’accompagnement juridique. Une plateforme qui a vocation à permettre aux villes d’engager des recours contre les Etats qui ne respectent pas les Accords de Paris.
La création de cette plateforme illustre le rôle de contre-pouvoir que veulent jouer les villes du C40, dans la foulée d’une décision de justice majeure remportée en décembre 2018 par les villes de Paris, Madrid et Bruxelles. Ces 3 capitales ont réussi à faire annuler par le tribunal de l’Union Européenne, une décision prise par la Commission Européenne en faveur des constructeurs automobiles.
Pour rappel des faits, lors du « Dieselgate » révélé en 2015, le constructeur Allemand Volkswagen a du reconnaître que ses moteurs étaient équipés d’un logiciel qui activait des dispositifs anti-pollution en cas de contrôle sur un banc d’essai… Mais le même logiciel désactivait ces dispositifs dès que l’automobile prenait la route en usage quotidien. Une « triche » qui débridait un peu la puissance du moteur et augmentait considérablement le rejet des particules fines.
Face au scandale la Commission Européenne a durci les clauses de la norme anti-pollution Euro 6, tout en introduisant une notion de « facteur de conformité ». En clair une tolérance de l’ordre de 110% jusqu’en 2020 et encore de 50% jusqu’en 2023. Ce qu’Anne Hidalgo dénonce comme étant un permis de polluer. La plainte de Paris, Bruxelles et Madrid vis à vis de ce facteur de conformité a été retenue par le tribunal de l’Union Européenne, ce qui vaut désormais jurisprudence pour toutes les métropoles du C40 : elles peuvent désormais engager plus sereinement des actions contre leurs États avec le soutien de Justice4Climate.
Ainsi, le C40 devrait continuer de s’étoffer à l’avenir. D’autres grandes métropoles mondiales devraient rejoindre ses rangs. On attend également de la part de cette organisation qu’elle fasse évoluer ses outils et retours d’expériences au sujets des actions permettant la transition des villes afin de pouvoir en mesurer réellement l’impact.