Notre manière d’acheter notre alimentation est-elle une priorité à transformer ? En tout cas, plus d’un tiers des start-up food françaises y travaillent.


Dans ce second épisode de notre série sur la manière dont le numérique et les nouvelles technologies impactent l’alimentation : focus sur le secteur de la vente et de la livraison qui concentrent une attention forte de la part des investisseurs et du grand public. 


L’ère de la personnalisation de l’alimentaire

La vente et la livraison (retail et delivery en anglais), c’est le secteur qui domine actuellement dans la Foodtech. Celui qui a réussi à conquérir les usages le plus rapidement et qui compte déjà de grands noms dans ses rangs. UberEats, Deliveroo, Foodora…

En france, d’après DigitalFoodLab, la vente et livraison rassemble 32% des start-up Foodtech actives et 29% des montants levés depuis 2013. Environ un tiers du secteur est concentré dans les mains (où les vélos) de ces entreprises qui réinventent notre manière d’acheter notre nourriture.

Réinventer, optimiser, conseiller, faciliter : des maîtres mots de l’industrie du retail et du delivery.

Des mots qui sont au service d’un objectif particulier : La personnalisation.

Car c’est bien cette quête de la personnalisation que les jeunes pousses de la Food souhaitent offrir aux consommateurs. Il s’agit de prendre le contre-pied de la grande distribution et de ses immenses rayons standardisés. 

Bonne nouvelle, la technologie peut aider. Elle peut vous permettre de choisir l’expérience gustative qui correspond le mieux à votre envie du moment, sans que vous ayez d’effort à produire, et de manière presque instantanée.

En quelques années, c’est donc devenu un univers concurentiel redoutable aux multiples visages. 

La ruche qui dit oui est une start-up food française réputée
La ruche qui dit oui : un des acteurs les plus connu de la Foodtech française.  


Les différentes facettes du retail&delivery


1- La livraison

La livraison est le secteur où la concurrence est d’une férocité terrible et où la tendance est à la création de niches en attendant une concentration des acteurs. 

On y retrouve de tout pour tout le monde :

Des repas en kit (comprenez des ingrédients et recettes permettant de réaliser plusieurs repas – il vous faudra les cuisiner).

Des box permettant de découvrir des produits différents chaque semaine (du thé, du vin notamment).

– Également des paniers ou bien des pleins de courses provenant du supermarché ou des épiceries de quartiers.

– Enfin des plats de restaurants (l’incontournable deliveroo) voire des plats élaborés directement au sein de la start-up qui effectue la livraison (Frichti). 


2 – La vente

La vente – où l’expérience de vente – s’adresse autant aux professionnels de la distribution qu’aux consommateurs. On y trouve 3 principaux acteurs. 

Il y a ceux qui font le choix du e-commerce, en créant des marketplaces comme par exemple La ruche qui dit oui. Ainsi le consommateur achète sur Internet et peut ensuite récupérer ses courses en magasin ou en drive. 

Il y a ceux qui travaillent à améliorer la relation entre le consommateur et les marques (shopmium). Ce sont des start-up qui travaillent essentiellement sur la fidélisation des consommateurs auprès de marques (via des coupons où bons de réduction) où sur la transmission d’informations concernant les marques.

A noter que l’inverse fonctionne aussi en permettant de renseigner les marques sur les habitudes des consommateurs. Là aussi, c’est in fine la personnalisation de l’expérience d’achat qui prévaut.

Et enfin, il y a les entreprises qui vont eux travailler sur des problématiques moins centrées utilisateurs. Elles cherchent davantage à optimiser l’approvisionnement des magasins où la distribution via des approches techniques liées à la data (Alkemics). 

Deliveroo est une des start-up food les plus connue au monde
Deliveroo est le N°1 du secteur de la livraison de repas à domicile 


Enjeux et problématiques du secteur

Si ces activités paraissent attractives et participent à la dynamique de l’écosystème, les perspectives du secteur restent difficiles à appréhender.

Une concentration des acteurs qui renforce les barrières à l’entrée 

On se souvient par exemple qu’en juillet 2016 la start-up Take Eat Easy annonçait la fin de ses activités en France. Parmi les raisons annoncées figuraient la trop forte concurrence des leaders du secteur, Deliveroo et Foodora.

Deux ans plus tard, en Août 2018, C’est Foodora qui annonce se retirer du marché français en raison de son incapacité à concurrencer les leaders du secteurs… Deliveroo et Uber Eats.

Tout aussi récemment, en juillet dernier, la start-up Fetch stoppait également ses activités de livraison de repas à vélo… avant d’annoncer son retour sur le marché trois semaines plus tard avec un nouveau business modèle.

Une anecdote qui caractérise bien l’instabilité forte et les barrières à l’entrée qui sont de plus en plus difficiles pour les start-up food.

Reste que dans l’écosystème foodtech français, une des plus belles pépites – frichti – continue de se frayer un agréable chemin dans le domaine de la livraison à domicile.

Se différencier pour s’imposer

Fondée en 2015, l’entreprise à levée 42 millions d’euros depuis sa création, dont une levée record de 30 millions d’euros l’été dernier. Suffisant pour tirer son épingle du jeu face à ses concurrents ?

Seul l’avenir nous le dira. Mais la start-up française a réussi le pari de la différenciation afin de s’imposer dans ce marché.

Une stratégie gagnante dans un contexte où l’enjeu est d’obtenir rapidement un poids certain sur le marché afin de résister à la concentration des acteurs.

Il faut donc pouvoir rapidement scaler son modèle et le développer à l’étranger tout en gardant une longueur d’avance en terme d’innovation et de trésorerie. 

Une équation difficile qui cependant permet d’attirer les projecteurs sur la foodtech et les start-up qui s’y engagent. 


FOODTECH STORIES : Anatomie d’une révolution culinaire

 (1/6). La foodtech : future spécialité française ?
 (2/6). Vente et livraison : Le coeur battant de la foodtech

prochain épisode : La technologie au service des restaurateurs