La loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte a fixé l’objectif de 40% d’énergies renouvelables électriques dans la production nationale en 2030. En 2017, les énergies renouvelables ont représenté 17 % de la production électrique nationale. Les principales filières permettant d’atteindre cet objectif sont l’hydroélectricité, le solaire photovoltaïque et l’éolien terrestre.
Paradoxe, si l’on entend régulièrement parler du photovoltaïque et de l’éolien, l’énergie hydroélectrique n’est presque jamais un sujet. Elle représente pourtant la majeure partie de la production française d’électricité d’origine renouvelable. Elle est également un vecteur d’emploi, avec environ 20 000 emplois directs et indirects générés. Pourquoi n’en entendons nous jamais parler ? Car ce secteur, désormais à maturité, possède un potentiel de développement très limité à l’avenir.
L’énergie hydroélectrique, première source d’électricité renouvelable en France
La filière hydraulique – ou hydroélectricité – est la première filière d’énergies renouvelables en France pour la production d’électricité. C’est aussi l’une des premières en Europe, derrière la Norvège et à jeu quasi égal avec la Suède. La production brute d’énergie hydraulique pour une année moyenne en France est d’environ 68 TWh, soit 3 fois plus que l’éolien, seconde source d’énergie renouvelable dans le pays. En 2018, la production hydraulique renouvelable était de 63,1 TWh, soit 11,5% de la production électrique totale du pays.
Il existe plusieurs types d’installations hydrauliques selon le site d’implantation. La petite hydroélectricité concerne les centrales installées le long de nos fleuves et rivières. Ce sont des centrales dites « de basse chute » qui produisent sans cesse, au fil de l’eau. On en dénombre environ 2 500 sur le territoire. Il y a ensuite les centrales de moyenne chute qui fonctionnent par écluses et celles des lacs de montagne qu’on appelle centrales de haute chute. Ces dernières représentent environ 10% des installations mais sont responsables de 90% de la production.
Ainsi, les principales régions productrices d’énergie hydroélectrique sont évidemment nos régions montagneuses. La région Auvergne-Rhône-Alpes concentre plus de 45% du parc hydraulique national. Vient en seconde position la région Occitanie avec environ 21% du parc. Si l’on additionne les 3 régions Auvergne-Rhône-Alpes, Occitanie et Provence-Alpes-Côte-D’azur, on atteint près de 80% du parc hydraulique national. Le reste est réparti sur l’ensemble du territoire, avec des productions intéressantes en Bourgogne-Franche-Compté et en Ile de France. En revanche, c’est dans les Hauts-de-France et dans les Pays de la Loire que la production hydroélectrique est la moins élevée.
Quelles perspectives pour une filière à maturité ?
Aujourd’hui, si l’hydraulique ne devait alimenter que les ménages, la production actuelle suffirait à subvenir aux besoins d’environ 40% de la population française, soit près de 27 millions de français. Cependant la production hydroélectrique dépend fortement du débit des cours d’eau et plus généralement de la pluviométrie.
En cas de sécheresse, la production diminue. Et à l’heure où les épisodes caniculaires et le manque d’eau se font de plus en plus ressentir en Europe, il est crucial d’avoir un mix d’énergies renouvelables qui soit équilibré. En France, l’énergie hydroélectrique est donc la meilleure pour le moment. Mais à terme, les autres filières semblent avoir un meilleur potentiel de développement. Et d’autres, comme l’éolien offshore, démarrent leur déploiement.
Pour autant, ce 26 juin 2019, le ministère de la transition écologique annonçait le lancement de 13 nouveaux projets de petites centrales hydroélectriques. Ces projets permettront de produire annuellement 140,1 GWh, soit la consommation d’environ 30 000 foyers. Ils sont situés notamment en Auvergne-Rhône-Alpes et en Provence Alpes Côte d’Azur, mais également en Bourgogne-Franche-Comté et en Ile-de-France. Un nouvel appel d’offres sera lancé en fin d’année afin d’étudier une dizaine de nouveaux projets. Rien à voir cependant avec les 150 nouveaux projets d’éolien terrestre qui devraient permettre d’alimenter 268 000 foyers.
C’est là le problème de cette énergie. Si l’hydroélectricité représente toujours la majeure partie de l’électricité renouvelable produite en France, son développement est limité par les capacités du territoire. Et à l’avenir, c’est davantage l’optimisation des infrastructures existantes plus que la création de nouvelles centrales qui va être recherchée. Ainsi, d’ici 2023, l’objectif du gouvernement est de réhausser les filières de l’éolien terrestre et du photovoltaïque. Cette dernière va notamment voir sa puissance multipliée par 5 dans les prochaines années. L’idée est que ces filières atteignent le même niveau que la filière hydraulique.
Et d’ici 2028, l’hydroélectricité devrait perdre sa première place pour ne devenir que la troisième source d’énergie renouvelable du pays.
Sources
ADEME
Ministère de la Transition Écologique et Solidaire