Le développement de la pratique du vélo est la grande surprise de cette année 2020 en matière de mobilité durable. La période de déconfinement a notamment permis à de très nombreuses municipalités d’accélérer dans la mise en place d’aménagements cyclables, avec des villes comme Paris, Lille ou encore Lyon en tête de gondole.

La startup française Geovelo, qui propose le premier GPS dédié entièrement à la pratique du vélo et du vélotourisme, accompagne justement de nombreuses collectivités locales sur ces sujets. Nous avons échangé avec son Directeur du Développement, Antoine Laporte-Weywada, qui nous explique son modèle et la manière dont il collabore avec les municipalités pour développer la pratique du vélo sur le territoire.



Les Horizons : Antoine Laporte-Weywada, est-ce que vous pouvez nous présenter Geovelo en quelques mots ?

Antoine Laporte-Weywada : Geovelo est une application accessible sur les stores depuis 2018. Elle permet de faire du guidage vélo partout en France, et sur la majeure partie de l’Europe, en proposant des itinéraires qui sont les mieux adaptés et mieux sécurisés pour la pratique du vélo. Nous sommes une équipe de 10 personnes à plein temps, réparties entre Tours – notre siège historique – et Paris où nous avons désormais un bureau.


Concrètement, comment fonctionne votre service pour l’utilisateur ?

C’est un service de guidage qui propose des recommandations d’itinéraires classées de la plus rapide à la plus sécurisée. Nous avons fait un gros travail pour cela en matière d’algorithmie et de cartographie. Cela nous permet de privilégier des itinéraires adaptés en fonction des pistes cyclables, évidemment, mais aussi des zones 30, des zones résidentielles, de la proximité avec les routes, etc.

Par ailleurs, nous travaillons aussi en étroite collaboration avec le service OpenStreetMap sur lequel est basé notre service. Grâce à nos utilisateurs mais aussi grâce aux collectivités que nous accompagnons, on a pu contribuer largement au référencement des 60 000 km d’aménagements cyclables d’OpenStreetMap.


Combien avez-vous d’utilisateurs ?

Nous avons dépassé les 550 000 téléchargements et comptons plus de 250 000 utilisateurs inscrits sur la plateforme. 95% de nos utilisateurs sont en France. On a notamment 50 000 utilisateurs actifs en région parisienne. Geovelo couvre d’ailleurs plutôt bien les zones urbaines, en particulier celles avec lesquelles nous travaillons. Mais on observe aussi de plus en plus d’utilisateurs sur la partie tourisme, ce qui nous permet de couvrir d’autres zones géographiques sur le territoire.

L’objectif, c’est de mieux comprendre la mobilité vélo sur les territoires et de faciliter la planification et la justification des aménagements cyclables qui sont proposés.



Qui sont vos clients aujourd’hui ?

Nos clients emblématiques sont principalement de grandes métropoles, comme la ville de Paris, mais aussi Nantes, Rennes, Toulouse ou encore Bordeaux. Cependant Geovelo n’est pas réservée qu’aux grandes villes et nous travaillons aussi avec des villes moyennes comme Pau, Montauban ou Mulhouse. Et sur les questions de tourisme, par exemple, ça peut remonter aussi jusqu’aux départements, comme celui du Loiret, ou encore avec la région Auvergne-Rhône-Alpes et la région Bretagne avec qui nous sommes en discussion actuellement.


Que viennent chercher les collectivités chez vous ?

Notre premier service, c’est la cartographie. C’est principalement là-dessus que nous accompagnons nos villes partenaires. Nous les sensibilisons à l’importance de la cartographie et de l’open-data qui leur permet de proposer une solution de guidage fiable sur leur territoire. Nous avons d’ailleurs reçu le prix de l’innovation de la sécurité routière l’an dernier pour ce service.

Depuis cette année, on propose également un tableau de bord d’analyse des trajets qui sont effectués sur Geovelo et qu’on met à disposition de la ville pour qu’elle comprenne mieux comment les cyclistes se déplacent sur son territoire. Évidemment, toutes les données sont anonymisées et agrégées. Cela permet aux équipes municipales de constater quels axes sont les plus empruntés, ceux qui sont évités, la vitesse moyenne, de faire des analyses origine/destination, etc. L’objectif, c’est de mieux comprendre la mobilité vélo sur les territoires et de faciliter, pour les aménageurs, la planification et la justification des aménagements cyclables qui sont proposés. C’est un produit sur lequel nous avons travaillé avec l’IFPEN, qui est un laboratoire de recherche public.

Ensuite, on propose également un service pour développer le tourisme sur les territoires avec l’intégration d’itinéraires touristiques, des véloroutes, des ballades à la journée pour faciliter l’expérience des vélotouristes et attirer la communauté Geovelo sur les territoires partenaires. Le troisième volet, c’est de les accompagner en matière de communication avec la mise en place de challenges, par exemple, afin d’accélérer la pratique du vélo.


Quel est votre modèle économique ?

Notre modèle économique réside à 75% sur les prestations d’accompagnement que nous proposons aux collectivités. Le reste, par la mise à disposition de notre API à des services tiers, puisque nous fournissons également notre calculateur à d’autres applications ou sites en marque blanche. Nous travaillons par exemple avec Vianavigo en région Ile-de-France ou encore avec l’application Bicloo pour les vélos en libre-service de la ville de Nantes.

Après le confinement, le nombre de kilomètres enregistré quotidiennement a bondi en moyenne de +300% à +400%


En matière de financement, où en êtes-vous ?

On a réalisé un chiffre d’affaires autour de 500 000 euros en 2019. On a également fait une levée de fonds en 2018 d’environ 600K€ auprès de l’IFPEN et on prépare une seconde levée d’ici fin 2020/début 2021.

L’idée c’est de grossir les effectifs mais aussi de pouvoir faire des campagnes d’acquisition plus ambitieuses. Aujourd’hui, on ne fonctionne que sur du bouche à oreille, sans publicité. Mais il faut passer un cap et se déployer plus rapidement. Et puis, la seconde levée, ce sera aussi pour aller à l’international. Actuellement, on a Genève comme client, en Suisse, et souhaite travailler avec les pays frontaliers, l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne et la Belgique notamment.


L’engouement pour la pratique du vélo ces derniers mois devrait vous ouvrir des portes ?

Oui, nous avons dépassé les 550 000 téléchargements depuis 2017 mais on compte 110 000 téléchargements nouveaux depuis le confinement, c’est à dire un cinquième de nos téléchargements en l’espace d’un trimestre ! Le nombre de kilomètres enregistré quotidiennement a aussi bondi en moyenne de +300% à +400%. Même l’AppStore nous a mis en avant dans une catégorie « Laissez votre voiture au garage ».

Maintenant, un plan vélo ambitieux doit faire partie du plan de relance (1,2 milliard d’euros vont être fléchés par le gouvernement pour le développement du vélo et des transports en commun, ndlr) et on veut évidemment s’inscrire dans cette dynamique. D’autant que la France est bien vue à l’étranger par rapport à ce qu’elle a fait sur le sujet, notamment Paris qui est très regardée à l’international. Et on espère que ça ne sera que le début !

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