La Bretagne accueille chaque année environ 9 millions de visiteurs, ce qui fait d’elle la 4ème région française la plus fréquentée par les touristes. Entre le Golfe du Morbihan, les Côtes de Granit Rose ou encore la forêt de Brocéliande, le territoire a plus d’un atout pour séduire.

Et ces dernières années, la région a notamment fait le choix de développer ses actions en matière de tourisme durable. Au mois d’avril 2016, elle a par exemple été récompensée par la Commission Européenne par le prix du meilleur impact environnemental pour l’offre de tourisme vert de sa légendaire région forestière, la forêt de Brocéliande.

Tourisme sans voiture, antigaspillage, Ecolabel européen : tour d’horizon des bonnes pratiques adoptées par la région pour répondre aux envies d’évasion des touristes soucieux de l’environnement.


De la nécessité de repenser le tourisme localement

Le tourisme moderne nous vient du XIXème siècle, lorsqu’en pleine révolution industrielle, les Britanniques commencèrent à emprunter les chemins de fer pour se rendre à la mer, à la campagne, à la montagne, partout ou l’air était plus frais et plus pur qu’en ville. Dès 1934, la moitié des Londoniens se mirent à partir en vacances hors de chez eux. En France, c’est à partir de 1936 et la mise en oeuvre des congés payés par le Front Populaire pour que la pratique se développe dans l’hexagone.

Dans les années 50, les départs en vacances se démocratisent encore davantage avec l’augmentation sensible du nombre de voitures et de trains en circulation. Depuis, le tourisme est une industrie qui se porte bien. En 2019, 1,5 milliards de touristes internationaux ont parcouru le monde. Un nombre qui a plus que doublé en seulement 15 ans. Et la tendance pourrait s’accentuer puisque l’Organisation mondiale du tourisme estime à 1,8 milliards le nombre de touristes internationaux en 2030.

Une estimation qui sera peut-être revue à la baisse au vu de la crise sanitaire actuelle ainsi que de la prise de conscience environnementale des ménages symbolisée récemment par la « honte de l’avion ». L’avion, qui est pour 1km par passager, 7 fois plus polluant que le bus, 14 fois plus que le train et 40 fois plus que le TGV. Ainsi, en 2018, le tourisme était responsable de 8% des émissions de gaz à effet de serre de la planète, dont une bonne partie est due aux trajets en avion. Si des innovations pourraient voir le jour pour diminuer les émissions CO2 du secteur aérien ces progrès ne suffiront probablement pas à compenser la hausse du trafic aérien si la reprise du trafic se confirme. Ainsi, il semblerait que pour réduire l’impact du tourisme sur le réchauffement climatique, l’une des solutions soit notamment de favoriser des destinations plus locales et des modes de transports moins polluants.

Heureusement, la France mais aussi l’Europe profitent de paysages qui permettront aux voyageurs de satisfaire leurs envies d’évasion tout en limitant l’impact carbone de celles-ci. En l’occurrence la Bretagne qui se positionne comme une région pionnière en matière d’engagement environnemental.

Certains hébergeurs ont pu constater une diminution de 34% de leur consommation d’eau, de 17% de leur consommation énergétique, ou encore de 82% de leur production de déchets


La Bretagne, une région aux multiples labels environnementaux

Hôtels, campings, gîtes, villages vacances… au total ce sont 374 hébergements touristiques français qui sont titulaires de l’Ecolabel européen dont presque 20% se situent en Bretagne, ce qui fait d’elle la région française possédant le plus d’établissements labellisés selon les chiffres de l’Ademe. Cette dernière souhaite notamment accompagner cette dynamique en apportant un soutien financier et en accompagnant techniquement les professionnels de l’hébergement touristique bretons.

Cet Ecolabel est la seule certification écologique officielle reconnue dans toute l’Europe. Il certifie l’engagement de l’établissement envers une gestion appropriée de l’énergie, de l’eau et des déchets, l’utilisation de produits chimiques biodégradables, la communication et la sensibilisation du personnel et des utilisateurs. Et pour cause, selon l’étude « HETEL » sortie en 2020 par l’ADEME, certains hébergeurs ont pu constater depuis l’obtention de cette labellisation une diminution de 34% de leur consommation d’eau, de 17% de leur consommation énergétique, ou encore de 82% de leur production de déchets. De plus, toujours selon l’agence, 50% des voyageurs prendraient en compte cette certification dans leur choix d’hébergement touristique.

Autre label reconnu du tourisme durable, les établissements labellisés Clés vertes. En 2016, la Bretagne en comptait 52 . À la différence de l’Ecolabel, celui-ci est présent sur les 5 continents et porte donc une dimension internationale supplémentaire, même si les critères d’obtention sont plus ou moins similaires.

En outre, que serait la Bretagne sans ses paysages côtiers ? De ce côté, 10 ports de plaisance bretons et 17 plages sont labelisés Pavillon Bleu. Pour les plages, ce label garantit la mise à disposition d’un certain nombre d’équipements permettant de minimiser les impacts de la fréquentation touristique (poubelles de tri, sanitaires…). Les ports de plaisance labellisés sont quant à eux des lieux où les plaisanciers ont accès à des aires de carénage sans rejets dans le milieu naturel, des systèmes de récupération des eaux usées des bateaux mais aussi à des zones de récupération des déchets spéciaux. L’information sur la qualité de l’eau et sur la faune et la flore locales est aussi prise en compte tout comme les activités de sensibilisation à l’environnement pour l’obtention de ce label.

De plus, la Bretagne possède plus de 20 ports certifiés « Ports propres ». Cette certification, décernée par Afnor, traduit la volonté des gestionnaires de ports à prendre des engagements concrets pour lutter pour la préservation des milieux aquatiques et le développement durable des activités littorales et maritimes.

Selon l’Ademe, 82% des français se déplacent avec leur propre véhicule durant les vacances tandis que seuls 13,5% d’entre eux utilisent le train.

Phare du Petit Minou
Phare du Petit Minou à Plouzané


Une région où l’on voyage sans voiture ?

Avec l’arrivée de la ligne grande vitesse et le développement de l’offre TER sur tout le territoire breton, les acteurs de la région ont anticipé une hausse des séjours courts mais aussi l’opportunité de développer une éco-mobilité. Avec le projet « En Bretagne sans ma voiture » l’Ademe Bretagne, le Conseil régional de Bretagne et les acteurs de la mobilité bretonne ont souhaité développer la mobilité touristique à faible impact carbone.

L’idée est de s’appuyer sur l’intermodalité comme alternative à l’usage de la voiture afin de permettre aux touristes de se rendre en Bretagne en train puis sur leurs lieux d’hébergement et de visites grâce à des transports bas carbone (vélo, bus, marche à pied…). Car encore aujourd’hui, selon l’Ademe, 82% des français se déplacent avec leur propre véhicule durant les vacances tandis que seuls 13,5% d’entre eux utilisent le train.

Et pour ce faire, la Bretagne peut profiter d’infrastructures déjà présentes comme ses 1 300 km de véloroutes et voies vertes qui traversent cités et campagnes de la Manche à l’océan Atlantique, ou encore le Tire-Bouchon, un train touristique qui circule durant la période estival et qui permet de desservir toute la Presqu’île de Quiberon (de Auray à Quiberon) et d’accueillir les voyageurs avec leur vélo.

Cette démarche éco-responsable a séduit plus d’un hébergeur. Florence Durand, gérante du gîte et chambres d’hôtes Les Bruyères d’Erquy et détentrice de l’Ecolabel européen depuis 2012 a souhaité développer cette offre sans voiture et met pour cela à disposition de ces hébergés des vélos. Une initiative qui vient compléter la démarche éco-responsable de l’établissement qui propose à ses locataires des poubelles de tri sélectifs, des produits bios pour le petit déjeuners, des produits d’entretien écologiques écocertifiés ou encore un hébergement chauffé avec un poêle à bois.

affichage environnemental
Affichage environnemental au 13 avril 2015 du restaurant « Le Jardin Gourmand » à Lorient


L’affichage environnemental pour faire le choix d’un accueil éco-responsable

On retrouve aussi en Bretagne l’expérimentation de l’affichage environnemental notamment auprès de 15 établissements bretons. Cet outil est mis au service du consommateur pour guider ses achats vers les produits ou services les plus respectueux de l’environnement. Grâce à cet affichage, il est désormais possible pour lui d’évaluer l’impact écologique d’une nuitée dans un hébergement.

Le Jardin Gourmand à Lorient a par exemple accepté de se prêter à cette expérimentation nationale, une première en France dans le secteur de la restauration. Ce restaurant tenu par Nathalie et Arnaud Beauvais propose une cuisine responsable qui met en valeur les producteurs locaux. L’étude réalisée par EVEA Tourism a permis de déterminer l’impact environnemental de leur activité et de mettre en évidence les pistes d’amélioration.

Ainsi, les résultats montrent une empreinte environnementale du Jardin Gourmand relativement faible : 73% des produits alimentaires sont d’origine locale (à moins de 200 km) alors que 78% de ces produits sont des produits frais, 75% des produits de saison et 46% des produits bio. De plus, 1kg de déchets est généré par repas. Enfin, le restaurant consomme 14 kWh d’énergie primaire par repas pour le stockage des denrées alimentaires, la préparation des plats, la cuisson, la salle de restaurant..« Je n’utilisais que le jus de l’orange, tout le reste était perdu. Dorénavant, j’utilise tout le fruit même la peau que je fais cuire très longtemps » précise Nathalie. Souhaitant poursuivre leurs efforts, ils ont aussi rejoint l’expérimentation proposée par l’Ademe « Moins de Gaspi au Resto ». Car selon la FAO un tiers de la production alimentaire mondiale serait perdue ou jetée chaque année, soit l’équivalent de 1,3 milliard de tonnes. En Bretagne, ce chiffre est de l’ordre de 150 000 tonnes par an. Dans la restauration commerciale, les pertes sont importantes et ce sont autant de matière achetées par les restaurateurs et non consommée.

Face à ce constat, Ma planète alimentaire, réseau alimentaire durable de proximité, et Betterfly Tourism, éditeur de logiciel nantais, soutenus par l’ADEME Bretagne et le Conseil général du Morbihan, ont proposé un accompagnement à 20 restaurateurs visant à réduire leurs déchets alimentaires à travers une méthode et un logiciel sur mesure. Les tendances qui ressortent de cet accompagnement sont très positives puisqu’en moyenne les restaurateurs engagés ont pu réduire jusqu’à 20 % leurs déchets alimentaires. Par exemple Thierry Bertier, Directeur de la restauration au Parc de Branféré, a identifié un retour de pain très important pour le pain servi aux enfants de l’école Nicolas Hulot. Il a alors décidé de changer de fournisseur pour proposer un pain bio, meilleur en goût et a diminué la quantité proposé par enfant.

Des actions qui valident une orientation résolument éco-responsable pour les acteurs du tourisme en région Bretagne. Reste que le territoire continue de souffrir d’un mal profond par la pollution de ses plages aux algues vertes. Une autre histoire, pas moins intéressante, qu’on vous invite à découvrir ici.