Début octobre 2018, la start-up Poiscaille recevait le 1er prix de la transition écologique décerné par l’association reporters d’espoir. Un prix pour récompenser cette entreprise qui a su créer une filière de vente de poissons en circuit-court. L’entreprise mise sur la qualité, la fraîcheur et la création d’un lien entre pêcheurs et consommateurs. De cette manière, Poiscaille souhaite participer au développement d’une pêche durable. 

Une initiative qui semble d’ailleurs essentielle au vu de l’actualité récente. Et pour cause… deux mois après ce prix, le 17 décembre 2018, l’association UFC-Que Choisir publiait une étude alarmante : « 86% des poissons présents en grandes surfaces sont pêchés selon des méthodes non durables ou dans des stocks surexploités » et particulièrement en ce qui concerne le cabillaud, la sole et le bar. 

Mais plus alarmant encore, l’association affirme qu’en Europe, 88% des poissons sont surexploités ou ont du mal à se reconstituer. Un véritable problème qui a des conséquences directes sur les oiseaux marins. En effet, la pêche industrielle les prive de leurs sources de nourriture et ces oiseaux en souffrent. Mais ce problème pourrait également toucher l’équilibre alimentaire des humains si plusieurs espèces de poissons venaient à disparaître. 

logo et photo de présentation de la start-up poiscaille
Poiscaille développe la vente de fruits de mer et de poissons en circuit-court – photo : Poiscaille


La pêche durable c’est quoi ? 

Comme dans tous les domaines, il s’avère donc nécessaire de mettre en place des filières durables afin de préserver les ressources qui nous font vivre. Une pêche durable, c’est tout bêtement une pêche qu’on peut reproduire à l’infini. On va parler de pêche durable lorsque certains critères sont respectés.

Tout d’abord, la pêche doit se faire sur un stock en bon état. Un stock est une population d’une espèce donnée sur un territoire précis et délimité. Ensuite, la pêche durable doit être cohérente, c’est à dire respecter la régénération du stock. Elle doit aussi être « douce », ce qui signifie qu’elle épargne au maximum l’écosystème marin. Enfin, c’est une pêche dont les techniques permettent d’éviter au maximum la capture d’espèces non-désirées. Et si des spécimens qui ne seront ni vendus ni débarqués sont pêchés malgré tout, il faut qu’ils soient vivants afin d’être remis à l’eau. 

Un ensemble de pratiques qui ne correspondent pas forcément à la pêche industrielle réalisée pour le compte des grandes surfaces. Elle peut cependant mieux convenir pour la vente de poissons en circuit-court. 

un pêcheur breton en train de démailler ses filets
La start-up Poiscaille encourage le développement de la pêche durable – photo : Guillaume Joly


Poiscaille, la vente de fruits de mer et de poissons en circuit-court

L’entreprise Poiscaille vise à encourager cette pratique de pêche durable en développant les circuits-courts. De la même manière que cela se pratique pour l’agriculture biologique, le site de Poiscaille met ainsi en relation des pêcheurs directement avec les consommateurs. 

Afin de garantir cette pêche durable, la start-up sélectionne ses fournisseurs grâce à des critères précis : bateaux de moins de 12 mètres ; pas de chalut ni de drague ; sorties en journée ; équipages réduits. Elle collabore aujourd’hui avec une soixantaine de pêcheurs sur tout le territoire. Par ailleurs, au-delà de ces bonnes pratiques de pêche, la jeune entreprise encourage également ses partenaires à proposer des poissons abondants et moins connus du grand public (tacaud, chinchard, vieille, etc.). 

Pour les consommateurs, il y a derrière cette plateforme la garantie d’acheter des produits pêchés au maximum 48h avant la livraison. Mais surtout la garantie de savoir où ces produits ont été pêchés. Une qualité, une traçabilité et un lien direct avec les producteurs qui justifie des prix plus élevés que la moyenne. C’est le cercle vertueux des circuits-courts car mieux rémunérer les producteurs encourage à de meilleures productions. 

Cela vise aussi à soutenir une filière professionnelle précaire – et pourtant d’une utilité phénoménale – qui subit la pression des grandes surfaces. En France, ce sont environ 17 000 marins pêcheurs qui fournissent l’ensemble du territoire. 

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